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Le premier patient au coeur artificiel est mort

Rédigé par , le 04 March 2014 à 08h15

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Le cœur artificiel Carmat est un espoir pour l'avancée de la greffe d'organes

Le cœur artificiel Carmat est un espoir pour l'avancée de la greffe d'organes

Le premier homme au cœur artificiel est décédé 75 jours après l’opération. Dans l’attente du rapport qui déterminera les causes de cette mort, les chirurgiens en charge du patient reviennent sur ce cas qui a engagé la révolution des greffes d’organes.

Personne ne connait son nom, personne ne sait à quoi il ressemble, et pourtant, il a marqué tous les esprits en décembre dernier. Le premier homme au cœur artificiel est mort dimanche 2 mars. C’est l’hôpital européen Georges-Pompidou, en charge de ce patient, qui a annoncé la nouvelle hier soir.

Retour sur la révolution du cœur artificiel

L’homme âgé de 76 ans souffrait d’une insuffisance cardiaque. Condamné et en fin de vie, il a accepté d’être le premier à tester ce dispositif le 18 décembre dernier. Les causes de sa mort, survenu 75 jours après l’implantation du cœur artificiel Carmat ne pourront être déterminées « qu'après l'analyse approfondie des nombreuses données médicales et techniques enregistrées » indique l’hôpital.

Un autre homme est aussi désormais connu du grand public : le Professeur Alain Carpentier. Ce chirurgien-cardiologue est le concepteur de ce cœur (financé par la société Carmat). L’intervention qui avait duré 10 heures a été réalisée par deux autres chirurgiens : les professeurs Christian Latrémouille et Daniel Duveau, accompagnés d’une quinzaine de personnes.

Le Professeur Alain Carpentier est le concepteur du coeur artificielToute une équipe était mobilisée autour de ce cas. Un cas oui, mais d’abord un homme. Les chirurgiens ne l’oublient pas. Il souligne d’ailleurs «la haute figure du malade» qui « pleinement conscient de l'enjeu, a, par sa confiance, son courage et sa volonté, apporté une contribution mémorable aux efforts engagés par les médecins pour lutter contre une maladie en pleine évolution ». En effet, ce décès n’est pas perçu comme un échec de la part des médecins. Ils insistent sur « l'importance des premiers enseignements qu'ils ont pu tirer de ce premier essai clinique, concernant la sélection du malade, le suivi postopératoire, le traitement et la prévention des difficultés rencontrées». La Ministre de la Santé Marisol Touraine a d’ailleurs tout de suite fait part de son soutien "aux équipes qui luttent sans relâche pour faire avancer la médecine", avant de présenter ses condoléances à la famille du patient.

Un espoir pour toutes les greffes d’organes.

Cœur, larynx, poumons : il y a un grand boum des implantations artificielles. Le Professeur Alain Carpentier a entamé la révolution sur la greffe d’organes. Avant cela, des cœurs artificiels ont déjà été greffés, mais ils n’avaient pas le même dessein. Ils servaient de transition, de relais entre le cœur malade et un nouveau cœur, en l’attente d’un donneur. Ici, Alain Carpentier souhaite mettre au point un cœur qui remplacera définitivement l’organe original. Ainsi, la médecine espère pallier au manque de dons d’organes, mais aussi défier les contre-indications à la transplantation. C’est par exemple le cas après un cancer.

L’organe artificiel était conçu sur le même principe qu’un cœur naturel. Il avait deux ventricules et réalisait des battements via des moto-pompes. Même le problème des caillots de sang sont pris en compte dans sa conception : le Pr Carpentier a utilisé une de ses inventions vieille de trente ans en utilisant des tissus animaux traités de manière chimique, ce qui permet aux patients de ne pas nécessiter d’anticoagulants. Ces médicaments était indispensables avant pour les greffes temporaires, et augmentaient fortement les risques d’hémorragie. Pour ce qui est de la coque, l’aspect est en revanche bien différent d’un cœur naturel car ici l’objet est en plastique dur comme du métal.

Dès décembre, la société Carmat, avait annoncé qu’il y aurait d’autres implantations. Ce dispositif est cependant onéreux. Le cœur coute 160 000 €, sans prendre en compte l’opération. Les interventions à venir seront alors peut-être repoussées, en attendant de comprendre pourquoi le patient n’a pas supporté à long terme la greffe.

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L'auteur
Clémentine Billé

Bio

Clémentine Billé est rédactrice, spécialisée dans les questions sociétales relatives à la santé.Voir plus

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