Des progrès concernant les greffes de peau : les cellules vascularisées

Des chirurgiens de l'hôpital pédiatrique de Zurich en Suisse ont réussi pour la première fois à produire de manière artificielle des greffons de peau contenant des vaisseaux sanguins et des vaisseaux lymphatiques. Cette découverte nourrit de grands espoirs pour ceux qui ne disposent plus assez de peau saine pour une transplantation ou qui présentent des risques de rejets dus à une situation de santé particulière.

Une équipe de chirurgiens de l'hôpital pédiatrique de Zurich (en Suisse) ont réussit à produire des cellules de peau disposant de leurs propres vaisseaux sanguins et lymphatiques, aussi connus sous le nom de vaisseaux capillaires. Cette première dans l'histoire de la médecine nourri de grands espoirs pour tous ceux qui doivent subir une greffe de peau importante, en particulier les grands brûlés. Les scientifiques ont publié le fruit de leurs recherches dans la revue spécialisée Science Traslational Medicine mercredi dernier.

Un maillage essentiel à la cicatrisation

Lors d'une greffe de peau, les vaisseaux sanguins ont un rôle essentiel. Ils participent à la régénération de la peau en apportant les substances nutritives et l'oxygène nécessaires à cette première. Les vaisseaux ont, à l'inverse, un rôle d'écoulement, les liquides pouvant interférer avec la cicatrisation. Jusqu'à présent, les cellules de peau cultivées en laboratoire ne disposaient pas d'un tel maillage pour participer à la nutrition et à l'irrigation de la peau. Les chercheurs sont donc parvenus à obtenir des cellules vascularisées, ils nourrissent de bons espoirs quant à leur utilité dans la chirurgie réparatrice de la peau.

Selon les scientifiques zurichois, une greffe réalisée avec ce nouveau type de tissu transgénique aurait des résultats probants en terme de cicatrisation et de régénération, notamment au niveau de la jonction entre le greffon et les tissus d'origines auxquels celui-ci est rattaché.

Pour obtenir ces cellules transgéniques, l'équipe de l'hôpital pédiatrique de Zurich a tout d'abord isolé les cellules qui les intéressaient, prélevé sur du sang et des vaisseaux lymphatiques humains. Ils ont ensuite placé ces cellules dans une solution et laissé le tout dans un incubateur où les cellules se sont multipliées et ont formé plusieurs greffons. Les chercheurs les ont ensuite transplantés sur des rats. Le résultat fut surprenant, la nouvelle peau réagissant à la manière d'une peau naturelle.

Du potentiel mais un champs d’application limité

Cette découverte, bien qu'elle ne soit que le début d'un long processus visant à une mise en application médicale, n'attire pas uniquement des louanges. Le docteur Alfred Culliford, directeur du service de chirurgie plastique et reconstructrice au Staten Island University Hospital de New York reste sceptique sur les applications liées à cette nouvelle peau. «Je ne pense pas que cette technique sera utilisée pour de nombreuse personnes, car les meilleurs greffons sont encore ceux qui viennent du patient lui-même» s'est-il expliqué. Il reconnaît néanmoins que ce type de cellules peut être d'une grande utilité pour les très grands brûlés, ces derniers n'ayant parfois plus assez de peau saine pour effectuer une transplantation.

Par ailleurs, ces cellules peuvent jouer un rôle clé dans la cicatrisation de plaies qui ont du mal à guérir. Les diabétiques comme les gens atteints de maladies cardio-vasculaires seraient ainsi concernés.
Affaire à suivre donc pour ce nouveau tissu capillaire qui, s'il fonctionne aujourd'hui sur des animaux, devra attendre les premiers essais cliniques prévus cette année sur l'être humain.