Vapotage : les risques pour la santé se confirment
Rédigé par La Rédaction , le 03 September 2019 à 10h51
L’alerte de l’OMS concernant les cigarettes électroniques prend aujourd’hui une dimension nouvelle après qu’aux Etats-Unis, près de 200 cas de maladies pulmonaires sévères associés au vapotage ont été recensés par les autorités sanitaires fédérales dans 22 Etats américains différents. Pis, le 23 août dernier, on apprenait la mort d’un patient dans l’Etat de l’Illinois, quelques années seulement après le lancement de ces produits. Cette mort est considérée comme la première liée à l’utilisation de la cigarette électronique et doit interpeller. Les cigarettes électroniques seraient-elles aussi nocives que le tabac traditionnel ?
Une chose est sûre, et depuis longtemps : on ne peut plus se contenter désormais des belles promesses des fabricants. Dans un article publié par Les Echos du 27 août 2019 sous la plume de Nicolas Rauline et Marie-Josée Cougard, on apprend que le marché de la cigarette électronique ne compte que 36 millions de vapoteurs dans le monde contre un milliard de fumeurs.
Après quelques décennies de tabagisme classique, alors que les cigarettiers avaient promis que leurs cigarettes dites light et que les filtres allaient rendre leurs cigarettes moins nocives pour la santé, et après que 7 dirigeants de big tobacco aient menti devant le Congrès americain sur la nocivité du tabac, on compte 8 millions de morts prématurés liés au tabagisme chaque année.
Le phénomène des cigarettes électroniques date de 2010 environ, celui du tabac chauffé de 2015, et un premier mort est déjà imputé au vapotage... Combien de décennies ont été nécessaires pour que les majors du tabac admettent le lien direct - qu’elles savaient - entre leurs produits et la mort de leurs consommateurs?
Si les législateurs ne font rien, combien de morts imputables aux cigarettes électroniques ou au tabac à chauffer compterons-nous dans quelques années ?
A tel point que la seule étude indépendante réalisée par l’Université de Lausanne a été torpillée par Philip Morris – qui en a exigé le retrait ! – car elle reconnaissait que les mêmes risques existaient avec le tabac à chauffer, certes de façon amoindrie… Mais, cela ne collait sans doute pas à la communication du géant du tabac.
D’autres études indépendantes ont par la suite également montré le caractère nocif (avec en plus des substances que le tabac traditionnel ne contient pas à tel point que les experts parlent aujourd’hui de troubles neurologiques dus à leur consommation) du tabac à chauffer au grand dam des producteurs de tabac, qui après avoir investi des milliards dans ces nouveaux produits, études en laboratoires inclues (avec des moyens qui dépassent très largement ceux des instituts publics), n’auraient pas identifié les mêmes substances...On se souvient des études sur le polonium dans le tabac, ou les liens directs de la consommation de cigarettes et le cancer qui n’ont pas été publiées par les majors du tabac, pourquoi en irait-il autrement avec le tabac à chauffer ?
Des mesures spécifiques contre la cigarette électronique
Heureusement, des pays réagissent. Ainsi, plusieurs Etats indiens ont d’ores et déjà interdit la vape, et l’Etat fédéral réfléchit à une mesure globale. Les Philippines envisagent d’assimiler produits du vapotage et produits de tabac traditionnels, et de leur appliquer la même législation et la même fiscalité ; Israël de son côté a interdit la commercialisation des produits Juul, tout comme la ville de San Francisco.
Et s'il fallait appliquer aux cigarettes électroniques et au tabac chauffé la même législation et la même fiscalité que pour les cigarettes traditionnelles ? Ce qui apparait désormais inévitable, c’est que les ministères de la Santé, les parlementaires, les associations doivent prendre leurs responsabilités dans la reconnaissance des risques de ces produits.
L’industrie du tabac continuera de tout faire pour s’opposer à ces règlementations, qu’il s’agisse de reconnaissance des risques directs ou indirects (la fumée passive de l’IQOS serait également nocive), de détournement d’études à leur profit, de responsabilité dans la contrebande… Les cas de malades recensés, a fortiori la mort tragique du vapoteur de l’Illinois, doivent inciter tous les pays à étudier la situation de leurs consommateurs. Ils doivent impérativement légiférer pour les protéger.
Au minimum, il convient que les cigarettes électroniques et le tabac chauffé se voient appliquer la même législation (mentions sanitaires, packaging neutre quand il existe, interdiction de consommer dans les lieux publics…) et la même fiscalité que les cigarettes traditionnelles, comme le recommande l’OMS dans son rapport sur l’épidémie de tabac. Il serait également temps que les produits du tabac et assimilés obtiennent des autorisations préalables de mise sur le marché. L’UE pourrait montrer l’exemple dans le cadre de la révision de la Directive Tabac prévue pour 2021.