La technique de surfusion pour tripler le temps de conservation des organes
Rédigé par Céline Le Goff , le 03 July 2014 à 11h18
Une nouvelle méthode de conservation des organes a été conçue par des chercheurs du Massachussetts General Hospital de Boston, elle a été testée sur des organes de rat et il a été observé que le temps de survie du foie d’un rat avait été de 3 jours au lieu de 12h.
La conservation des organes pose un problème compliqué. A l’heure actuelle, un organe peut être maintenu en état viable seulement de 12 à 24h. Au-delà, les cellules dégénèrent et la transplantation n’est plus possible. Les médecins ont donc un temps limité pour opérer le patient et le transport d’organe vers différents hôpitaux est restreint géographiquement.
Les organes sont refroidis à une température de -6°C
L’étude publiée le 29 juin 2014 dans la revue Nature présente la technique nommée surfusion qui combine le froid et l’alimentation de l’organe en nutriments et en oxygène à travers les vaisseaux sanguins grâce à une machine connectée à l’organe. Les nutriments sont dispensés pendant 1h avant le refroidissement et pendant 3h après son réchauffement. Pour réaliser le refroidissement, l'organe est imprégné de composés antigels non toxiques et il est refroidi à jusqu’à une température de -6°C. Le refroidissement permet en effet de ralentir le processus de dégénération des cellules.
La technique a été testée sur un foie de rat. L’expérience a été majoritairement un succès. Les greffes d’organes stockés à -6°C pendant 3 jours ont permis aux rats de survivre 3 mois. Le taux de survie a été de 48 %. Ceux en revanche qui ont été greffé avec un organe non perfusé ou refroidi sans antigel n’ont pas survécu ou ont survécu seulement 1 semaine. Cependant, au-delà de 3 jours de conservation, les foies des rats n’étaient plus viables.
Une possibilité de réseau mondial entre donneurs et receveurs
Cette expérience constitue un espoir conséquent pour l’amélioration du stockage des organes humains. D’autres tests seront réalisés sur des animaux plus gros dans les mois à venir. En augmentant le temps de survie d’un organe, il est possible de développer un réseau mondial entre les donneurs et les receveurs avec une possibilité de trajet plus important. Ainsi, les organes seraient greffés à des receveurs compatibles et le risque de rejet serait diminué. Les auteurs de la recherche envisagent des greffes transcontinentales. Cette technique serait aussi d’une grande aide pour les chirurgiens puisque ceux-ci disposeraient de plus de temps pour se préparer à opérer.
Toutefois, la technique de surfusion est d’une grande complexité et son adaptation aux organes humains pourraient prendre des années.