Le toucher vaginal vivement critiqué par des médecins américains
Rédigé par Céline Le Goff , le 02 July 2014 à 15h22
L’examen annuel du toucher vaginal pratiqué par le gynécologue a été mis à mal ce 1er juillet 2014 par la critique de l’American College of Physicians (ACP) dans la revue Annals of Internal Medicine. Selon ces professeurs, l’examen serait autant inutile que gênant.
Une exactitude des résultats très faible
Les médecins de l’ACP ont émis leurs recommandations et ont notamment déclaré que ce toucher vaginal n’était d’aucune aide dans le dépistage de maladies, d’infections ou d’anomalies. Il ne donne aucun résultat positif chez les femmes sans symptômes et qui ne sont pas enceintes, ainsi il ne permet pas de réduire la mortalité. L’exactitude des résultats est très faible et aucune preuve matérielle ne peut être apportée tels que des tests sanguins. Le dépistage du col utérin par exemple doit obligatoirement reposer sur un examen visuel du col, un frottis et des analyses plus poussées pour détecter la présence de papillomavirus. Le toucher vaginal n’a donc pas sa place ici, puisqu’il n’apporterait aucune information supplémentaire et serait insuffisant sans aucun autre examen.
L’ACP a indiqué de plus que dans certains cas, le toucher vaginal est contreproductif, en raison du risque élevé d’erreurs de diagnostic. Ces résultats faussés, qu’ils soient positifs ou négatifs peuvent engendrer des coûts supplémentaires voire même des risques pour la santé. En effet, un gynécologue qui détecterait quelque chose d’anormal à tort prescrirait d’autres tests et procédures inutiles. De plus, ce test est considéré comme gênant par la plupart des femmes et est parfois mal vécu. Jusqu’à 6 femmes sur 10 ont signalé un inconfort et des craintes à le subir. Il y a donc un risque conséquent que les patientes, notamment les jeunes femmes de 16 ans ou plus évitent à tout prix leur rendez-vous chez le gynécologue et ne se fassent pas suivre médicalement.
Un examen médical remis en cause pour son aspect routinier
En revanche les médecins américains ont précisé que seul le toucher vaginal pratiqué en prévention ou en tant qu’examen de routine était visé. En revanche, le toucher vaginal réalisé en raison de symptômes présents chez la femme n’est pas remis en cause, tels que des pertes vaginales ou encore des saignements anormaux. Enfin, ils précisent que le frottis annuel est indispensable et qu’il ne faut pas y déroger. Le frottis consiste à prélever des cellules à la surface du col de l’utérus.
Ce n’est pas la première attaque faite au toucher vaginal. Cette pratique, qui est aujourd’hui comparée à un rituel plus qu’à un véritable examen médical, n’a pas une bonne réputation dans les pays Anglo-saxons depuis une dizaine d’années. Béatrice Guigues, vice-présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) a ainsi conclu que le toucher vaginal ne devait pas être effectué systématiquement mais au cas par cas.