La variole, arme biologique de terrorisme, va-t-elle disparaître ?
Rédigé par Clémentine Billé , le 02 May 2014 à 11h40
La variole faisait partie des six maladies infectieuses les plus meurtrières
Dans un mois, l’OMS va décider de la destruction ou non des dernières traces de la variole. Ce virus a tué des centaines de milliers de personnes jusqu’en 1980. Des chercheurs s’opposent à sa totale disparition pour mettre au point un vaccin infaillible en cas de nouvelles épidémies. Ils craignent une réintroduction intentionnelle du virus, comme arme de destruction massive.
C’est la nouvelle arme possible du terrorisme biologique. Bien que la variole soit éradiquée depuis une trentaine d’années, les chercheurs craignent que certains conservent des souches, et s’en servent pour répandre de nouvelles épidémies. Ils s’opposent à la destruction des dernières traces de ce virus. Selon eux, la recherche doit continuer pour mettre au point un vaccin infaillible en cas de menace.
La crainte d’une nouvelle épidémie de variole, arme de destruction massive
La revue scientifique PLOS Pathogens a publié une lettre de scientifiques, qui s’opposent à la disparition totale de la variole. Ils y indiquent que la recherche sur la maladie « est essentielle » car « les objectifs initiaux de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de développer de nouveaux vaccins plus sûrs ainsi que des antiviraux et de meilleurs outils de dépistage n’ont pas encore été atteints ».
Depuis 1980, seuls deux laboratoires placés sous haute sécurité se concentrent sur le développement de tests de diagnostic, d’antiviraux ou encore de nouveaux vaccins. L’un aux États-Unis, l’autre en Russie, ce sont les deux seuls endroits au monde où se trouvent des virus vivants de la variole.
Si les chercheurs craignent une réintroduction intentionnelle au sein de la population, ils soulignent également que les nouvelles avancées en biologie synthétique permettent de reconstituer le virus. Continuer de produire des vaccins s’avère donc indispensable, et garder des traces du virus aussi (un vaccin étant l’injection du virus à très faible dose, afin que les anticorps le maîtrisent en cas de réelle infection).
La variole, l’une des six maladies infectieuses les plus meurtrières d’autrefois
Les dernières décennies ont permis la production de vaccins antivarioliques et de deux antiviraux contre la variole. La Dr Inger Damon, des Centres Fédéraux américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) prévient cependant : « Malgré ces avancées considérables, le travail sur le virus de la variole n'est pas terminé ». Elle ajoute alors que « le virus de la variole reste largement méconnu malgré ces progrès et qu'une plus grande exploitation des technologies actuelles pourrait aboutir à des thérapies plus efficaces en cas d'urgence sanitaire qui résulterait d'une résurgence de la variole ».
La variole faisait partie des six maladies infectieuses les plus meurtrières. En 1967, l’OMS a lancé un vaste programme pour éliminer totalement la maladie qui provoque de fortes fièvres, des maux de tête, et des douleurs dorsales. De plus, elle est visible via une forte éruption de taches rouges, qui se transforment en pustules. Ces dernières deviennent alors des croûtes qui sont fortement contagieuses.
La forme la plus sévère de la maladie est mortelle dans 20 % à 40 % des cas, mais si le patient survit, il sera immunisé à vie. Ce virus a décimé des centaines de milliers de personnes jusqu’en 1972, où le vaccin s’est généralisé. Si des cas de variole devaient réapparaître, l’OMS mènera une grande opération pour une mise en quarantaine stricte des personnes infectées, et la prévention auprès de leur entourage pour éviter à tout prix l’expansion de la maladie.
L’avenir des traces restantes de la variole est actuellement entre les mains de l’assemblée mondiale de la santé, organe de l’OMS. C’est à elle que revient la décision de les détruire ou pas : verdict dans un mois.