Création d'un muscle auto-régénérant : une première !

Des chercheurs ont mis au point un muscle bioartificiel capable de se réparer automatiquement en cas de lésion. Cette découverte pourrait révolutionner les soins en lésions musculaires.

En février, la création du muscle en fil de pêche avait fasciné le monde médical. Peu coûteux, il était plus puissant qu’un muscle naturel humain et pouvait soulever 13 kilogrammes ! Aujourd’hui, des chercheurs américains ont créé un muscle à partir de cellules extraites d'un être vivant.

Une première expérience sur des rongeurs

L’équipe de scientifiques en ingénierie médicale de la Duke University vient de créer un muscle squelettique, c'est-à-dire qui doit assurer la motricité du corps en permettant de faire bouger le squelette de manière volontaire. Il en existe une quarantaine dans le corps qui sont reliés au système nerveux : les plus connus sont les abdominaux, les biceps ou encore les triceps.

Les premiers résultats publiés dans la revue PNSA (Proceedings of the National Academy of Sciences) révèlent qu’à ce stade cette recherche a juste été testée sur les souris. Les cellules souches des souris ont ainsi été mélangées à un gel spécifique, qui après avoir grandi deux semaines se sont multipliées et transformées en de solides fibres musculaires. La principale question était alors : cet élément est-il capable de se contracter ? La stimulation par impulsion électrique a révélé que oui.

Un muscle auto-régénérant

Si la création du muscle en elle-même est un exploit scientifique, les petits biceps présentent une capacité incroyable, celle de se régénérer. « Le muscle que nous avons créé fourni aux cellules satellites des niches dans lesquelles elles peuvent être stockées et, lorsqu’il y a besoin, relâchées pour régénérer le muscle » explique Nenad Bursac, professeur associé à la Duke University. En effet, les cellules souches ont la spécificité de rester inactives jusqu’à ce qu’une lésion survienne. Elles se mettent alors automatiquement en action et réparent les dommages causés au tissu en se transformant en cellules musculaires. Le corps a la capacité de garder des cellules souches intactes, qui ne se transforment pas afin de reconstituer le stock de cellule satellite qui va se remettre en hibernation, jusqu’à ce qu’un autre trouble survienne.

Attention, le muscle ne se régénère pas seulement en cas de lésion physique ou de choc. Les chercheurs ont testé cette capacité, non pas en blessant le muscle, mais en l’infectant. En effet, les scientifiques ont attaqué le muscle via une toxine extraite du venin d'un serpent pour s’assurer que les cellules satellites étaient capables de s’activer. Ce n’est qu’après s’être assurés de l’efficacité de la régénération que les chercheurs ont implanté le muscle chez la souris.

Des études en cours pour une adaptation humaine

Un dispositif laissant apparaître le muscle en transparence a permis de constater en direct le succès de la greffe sur les rongeurs. Leur réseau sanguin a investi progressivement le muscle bioartificiel pour lui permettre de gagner en force.

Cette découverte en est toujours au stade d’expérience. Premier point d’ombre, les chercheurs n’ont pas encore trouvé le moyen pour que le muscle réponde au cerveau via une liaison avec le système neuronal. Cet élément est quelques peu paradoxal en sachant que l’utilité de ce muscle est d’assurer la motricité du squelette. Enfin, il n’est pas encore adapté à l’homme. Nenad Bursac se demande d’ailleurs « Pourra-t-il un jour vasculariser, innerver et réparer d'éventuelles lésions musculaires chez l'homme ? C'est la question à laquelle nous allons tenter de répondre dans les prochaines années. » D’autres études sont ainsi déjà en cours.