Antibiorésistance, les animaux d’élevage responsables
Rédigé par La Rédaction , le 01 December 2017 à 12h12
L'antibiorésistance est liée à l'utilisation d’antibiotiques dans les élevages bovins.
L’antibiorésistance constitue actuellement un problème de santé publique. Ce phénomène naturel de défense des bactéries leur confère la capacité de résister aux antibiotiques ayant pour mission de les détruire ou d’empêcher leur multiplication. Le développement de la résistance aux antibiotiques réduit les possibilités de traitement en cas de maladie.
Utilisation abusive d’antibiotiques vétérinaires dans les élevages
Les antibiotiques sont des médicaments qui permettent de contrôler avec efficacité et en toute sécurité un grand nombre de bactéries pathogènes, responsables de maladies infectieuses chez l’homme et les animaux. En santé animale, les antibiotiques sont utilisés en premier lieu à titre curatif. Le vétérinaire les prescrit pour traiter des animaux sujets à une infection bactérienne. Ils peuvent aussi être administrés à titre préventif quand les mesures sanitaires se sont avérées insuffisantes. Enfin, les antibiotiques sont utilisés à titre métaphylactique avant que les animaux ne présentent les symptômes d’une maladie.
Depuis plusieurs décennies, administrer des antibiotiques chez des animaux sains est devenu une pratique courante. L’utilisation systématique de ces médicaments a fortement contribué à une surconsommation d’antibiotiques dans les élevages. Cela a favorisé le développement de l’antibiorésistance. Ainsi, l’Organisation mondiale de la santé appelle les autorités sanitaires à mettre fin à cette pratique aux conséquences néfastes.
Antibiorésistance avant l’usage des antibiotiques chez l’homme
Une étude réalisée par l’Institut Pasteur a établi que l’administration d’antibiotiques au bétail dans les années 1950 a rendu la bactérie Salmonella insensible à l’ampicilline avant même sa mise sur le marché. Selon les résultats publiés dans la revue Lancet Infections Diseases, cette surconsommation d’antibiotiques par les animaux d’élevage a favorisé l’apparition des gènes de résistance et leur propagation.
Pour aboutir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé l’ADN de 288 souches de bactérie Salmonella. Elles ont été isolées entre 1911 et 1969 chez l’homme, chez les animaux et dans les denrées alimentaires. Ainsi, ils ont découvert que les résidus d’antibiotiques présents dans les environnements agricoles pendant les années 1950 ont impacté sur le développement de la résistance à l’ampicilline.
Les chercheurs ont notamment fait la découverte d’une apparition spontanée chez la bactérie de gènes de résistance à la même période. Ces mêmes gènes sont présents dans onze souches de Salmonella d’origine humaine. Cela prouve l’existence d’acquisitions à la fois multiples et indépendantes de ces gènes de résistance dues à une forte pression antibiotique.