Amnésique suite à un rendez-vous chez le dentiste

Une histoire digne d’un scénario de film à la Memento de Christopher Nolan ! C’est il y a dix ans que tout commence pour ce militaire britannique en poste en Allemagne. Le 14 mars 2005, l’homme prénommé William se rend chez son dentiste pour se faire dévitaliser une dent. Il ressort de cette intervention totalement amnésique, impossible pour lui de conserver un souvenir plus de 90 minutes et ce depuis dix ans. Explications… 

Victime d’amnésie antérograde suite à un rendez-vous chez le dentiste

Difficile de comprendre tous les rouages de notre cerveau surtout lorsque certains phénomènes surviennent de manière soudaine et inexpliquée. C’est le cas de l’étrange amnésie dont souffre William O., un militaire britannique, depuis bientôt dix ans. Expliquée par le journaliste Marc Gozlan sur son blog Réalités biomédicales, l'amnésie antérograde de W.O intrigue. Tout commence le 14 mars 2005, quand William, en poste en Allemagne, se rend chez son dentiste afin de subir une dévitalisation de la dent sous anesthésie locale.

Il est 13h40 lorsque le dentiste injecte un anesthésique local pour calmer la douleur avant de passer au traitement chirurgical. À 14 heures, il remarque que son patient est pâle et faible et qu’il est incapable de se redresser sur son siège. Il finit par appeler les secours et William est transféré à l’hôpital le plus proche à 17 heures. Après trois jours d’hospitalisation, les médecins s’aperçoivent que le militaire ne peut plus mémoriser quoi que ce soit au-delà de dix minutes. Au fil des jours, sa mémoire « s’améliore » et peut rester intacte durant 90 minutes mais pas une minute de plus.

Depuis les mois et les années ont passé et l’état de William demeure le même. Il se réveille tous les matins surpris de l’endroit où il se trouve. Sa femme est contrainte à noter la moindre information dans des dossiers sur son ordinateur ou sur son smartphone. Il se lève donc tous les matins en pensant être le 14 mars 2005 et en se préparant à aller à son rendez-vous chez le dentiste.

Des examens neuropsychologiques pour comprendre son amnésie

Plusieurs tests ont été passés auprès de William afin de mieux comprendre son amnésie antérograde. La plupart des patients souffrant de pertes de mémoire ont affaire à une amnésie rétrograde (ils oublient ce qu’il s’est passé avant le moment de la perte de mémoire), ce qui n’est absolument pas le cas de William. Pourtant, tous les examens d’imagerie cérébrale (scanner, IRM, TEMP) sont tout à fait normaux, aucune lésion ne pourrait expliquer ce qu’il s’est passé.

Néanmoins, William a fait quelques progrès. Depuis sa perte de mémoire, il a réussi à retenir que son père était décédé et a affirmé plusieurs fois à ses médecins : « Je sais que j’ai un problème de mémoire, je pense qu’on est en mars 2005 alors que ce n’est pas le cas ». Il est également arrivé à prolonger ses phases de mémoire de vingt minutes, soit 110 minutes après plusieurs exercices d’entraînement.

Les origines de l’amnésie : un mystère non résolu

Dix ans plus tard, impossible pour les médecins de William de comprendre le mal dont il souffre. Il se peut que l’anesthésie locale effectuée au cabinet dentaire ait réveillé une anomalie congénitale latente. Les médecins ont néanmoins émis l’hypothèse que leur patient pourrait présenter un blocage de la synthèse d’une certaine protéine impliquée dans le processus de mémorisation. Ces mécanismes moléculaires seraient endommagés par des changements structuraux entre les neurones responsables de la mémoire. Pour certains patients, l’anomalie se situe au niveau cellulaire mais cela est totalement indécelable sur les examens d’imagerie.

Selon les médecins, William ne souffrirait d’aucun trouble neurologique ou psychiatrique connu, son cas reste alors un total mystère.