La dépression soignée au gaz hilarant, une étude de fou
Rédigé par Laure Hanggi , le 19 December 2014 à 12h37
Un homme avec un nez de clown - Fotolia © kantver
Des chercheurs américains ont démontré que l'utilisation de gaz hilarant sur des patients atteints de dépression sévère pouvait leur redonner le sourire. Une piste intéressante pour le traitement de personnes suicidaires.
Inhalation hilarante contre dépression résistante
Lutter contre la dépression à l'aide de gaz hilarant pourrait faire penser à une vieille méthode issue du Moyen-Âge. C'est pourtant l'objet d'une étude très sérieuse, dont les résultats s'avèrent prometteurs.
Utilisé depuis le XVIIIe siècle en chirurgie comme anesthésiant, le gaz hilarant pourrait aujourd'hui être utilisé pour traiter des patients à risque suicidaire en urgence, afin de donner une marge de manœuvre et un temps d'action plus grand aux thérapies conventionnelles. Le gaz hilarant agit en effet beaucoup plus rapidement que les traitements par voie orale qui peuvent prendre plusieurs semaines à agir et ses effets sur le corps sont beaucoup moins lourds.
C'est suite au constat de l'inefficacité des traitements traditionnels sur près du tiers des patients atteints de dépression sévère, que des chercheurs ont décidé de se tourner pour la toute première fois vers le gaz hilarant.
Pour se faire, des scientifiques de la Washington University School of Medeicine de St-Louis (États-Unis) ont fait respirer (pendant une heure) à 20 patients atteints de dépression résistante : soit un mélange de 50 % d'oxygène et 50 % de gaz hilarant, soit un mélange placebo où le gaz hilarant était remplacé par de l'azote (le gaz majoritairement présent dans l'air).
Un tiers des patients a réagit au gaz hilarant
Suite à l'inhalation de gaz hilarant, 20 % des patients ont répondu favorablement au traitement et 15 % sont entrés en rémission. Aucun des participants n'a connu une dégradation de son état et de ses symptômes.
Les résultats ont été, au contraire, beaucoup moins concluants dans le cadre du traitement placebo. Seul un patient y a répondu de manière positive, alors qu'un autre a vu son état empirer et qu'aucun des patients n'a entré en rémission.
Suite à l'analyse des résultats, les effets du gaz hilarant semblaient se maintenir au moins 24 heures et jusqu'à une semaine dans certains cas. De plus, contrairement à d'autres traitements médicamenteux contre la dépression, les effets secondaires du gaz hilarant sont très limités, le gaz étant rapidement éliminé par le corps.
Une piste très sérieuse qui représente un espoir pour l'amélioration des conditions de traitements des dépressifs, qui devra néanmoins être approfondie et étudiée sur un panel plus large à l'avenir.