Accouchement accéléré et risque de dépression
Rédigé par La Rédaction , le 16 February 2017 à 09h15
L'oxytocine est une hormone utilisée lors des accouchements accélérés
L’accouchement accéléré est une pratique obstétricale vieille de près d’un demi-siècle. Elle consiste à injecter de l’oxytocine par voie intraveineuse pour provoquer le travail. Depuis sa première utilisation en France en 1970, plus de 60% des femmes reçoivent cette injection afin d’accélérer l’accouchement. Pourtant, cela n’est pas sans risque.
Un risque plus important de faire de la dépression
L’oxytocine est une hormone de synthèse de constitution et de propriétés pharmacologiques identiques à l’ocytocine, un neuropeptide secrété par l’hypophyse postérieure qui agit sur les muscles lisses de l’utérus et les glandes mammaires. Le recours à l’oxytocine est devenu très fréquent pour accroître la fréquence et l’intensité des contractions utérines.
Depuis 2010, plusieurs études ont établi un lien direct entre la dépression avant accouchement et le faible niveau de concentration d’ocytocine chez la femme enceinte. Par contre, rares sont les études sur le véritable rôle de l’oxytocine. Ainsi, des chercheurs de la Faculté de médecine du Massachusetts se sont intéressés au sujet et ont réussi à déterminer un lien entre oxytocine et risque de dépression.
Menée sur 46 732 femmes, cette étude révèle que les futures mères ayant reçu de l’oxytocine ont 35% de risque supplémentaire de faire de la dépression. Celles ayant déjà souffert par le passé de troubles psychiques sont encore plus exposées. De plus, les résultats publiés dans la revue Depression and Anxiety soulignent les effets négatifs de l’oxytocine sur l’humeur.
Des résultats à prendre avec précaution pour les experts
Les professionnels de santé, des médecins obstétriciens aux sages-femmes, s’accordent à dire que l’accouchement est devenu trop médicalisé. De même, l’injection d’oxytocine est de plus en plus banalisée. Cependant, beaucoup ne partagent pas les conclusions de cette étude sur le risque de faire de la dépression et l’utilisation abusive de cette hormone ocytocique synthétique.
Pour le Dr Teddy Linet, chef de la maternité du centre hospitalier Loire Vendée Océan, l’état dépressif diagnostiqué chez la moitié des participantes au cours des deux mois ayant suivi leur accouchement correspond plus au baby blues. Cette période fait suite à une importante fatigue maternelle en raison des difficultés du travail. Il souligne également la durée de vie très courte de l’oxytocine dans l’organisme.
Le Dr Emmanuel Simon, gynécologue obstétricien au CHRU de Tours, partage aussi cet avis. Il pointe du doigt la non considération de plusieurs facteurs comme la situation affective de la mère et le mode d’accouchement. Ainsi, le lien de causalité ne peut véritablement être vérifié. Néanmoins, les recommandations vont vers un recours moins systématique à l’oxytocine.