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Suicide en prison : le suivi médical est-il assuré en détention ?

Rédigé par , le 11 March 2014 à 15h00

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1/3 des détenus n'ont pas leur place en prison, mais en hôpital psychiatrique

1/3 des détenus n'ont pas leur place en prison, mais en hôpital psychiatrique

Une nouvelle tentative de suicide a eu lieu hier en France. Au début du mois, le Centre hospitalier de Sambre-Avesnois a été condamné à verser 15 500 € à la famille d’un détenu de la prison de Maubeuge, qui s’est donné la mort dans sa cellule en 2006. Ce phénomène prend de plus en plus d’importance et pose la question sur le suivi des individus durant leur détention, que ce soit sur le plan médical et psychologique.

Hier soir, un détenu a tenté de se suicider. Son pronostic vital est encore engagé alors qu’il était placé en détention provisoire au Pontet, centre pénitentiaire situé dans le Vaucluse. La direction de la prison n'a pas donné d'autres informations à l’heure actuelle. Ces derniers temps, les procès sur des suicides de personnes incarcérées, ou de nouvelles tentatives ont animé la presse.

Contacté par Allo-Médecins, les services pénitentiaires n’ont pas souhaité s’exprimer à ce sujet. La rédaction ne pourra donc pas vous expliquer à quoi est due cette hausse d’accidents. Cependant, nous vous faisons un point sur l’état actuel de la prise en charge sanitaire et psychologique des détenus.

La surpopulation des prisons empêche un bon suivi médical

L'isolement est une des causes des tentatives de suicideLa première étape est toujours la consultation médicale d’entrée en prison. Il existe divers types d’établissements, qui accueillent les détenus avant ou après leur jugement. Dans tous les cas, un examen complet est réalisé. Cela permet de déceler les diverses maladies, les addictions, ou analyser l’état général du patient. Ainsi, le suivi doit être adapté selon chaque cas et un suivi psychologique est assuré. Ceci est la théorie, mais en pratique ?

Le principal problème des prisons est la surpopulation. Première conséquence, le suivi est moins régulier. Le maître mot est alors « priorisation ». Les détenus sont suivis en fonction de l’urgence de leur cas et ceux qui en ont moins besoin passent un peu « à la trappe », ce qui suppose qu’un simple coup de blues peut parfois dériver à une véritable dépression.

Les signes avant-coureurs sont aussi moins vite remarqués. Les surveillants pénitentiaires par exemple sont les personnes qui côtoient le plus les détenus. Leur rôle pédagogique est inscrit dans leur règlement mais le nombre croissant de personnes incarcérées exige une surveillance plus accrue, qui ne permet pas toujours la mise en place d’un dialogue entre détenu et surveillant.

Les détenus suicidaires ont des caractéristiques communes

Aucun détenu n’est à l’abri d’une dépression : sentiment de solitude, l’enfermement trop pesant, le regret de la faute, ou autres. D’après les cas de suicide décrits par la presse, des profils ressortent cependant. Les tentatives de suicide ont souvent lieu dans les quartiers disciplinaires (le détenu a commis une faute pendant son incarcération, et il a un régime spécial dans ce quartier pendant un temps. Par exemple, il a moins le droit de sortir de sa cellule) ou les quartiers d’isolement (à la demande du détenu ou à la demande de la direction car il est jugé dangereux).

Autre caractéristique qui revient souvent : les détenus ont souvent des troubles psychologiques ou des addictions au préalable. Gérer l’addiction des détenus est très compliqué en prison. Il est impossible de sevrer une personne déclarée « accro » à la drogue du jour au lendemain. Des substituts légaux sont donc attribués, mais les doses sont prédéfinies. Le détenu doit apprendre à gérer avec les quantités prescrites. Ainsi, le sous-effectif de personnel, en l’occurrence médical devant tous ces cas est un véritable problème.

Le manque de surveillance médicale est souvent pointé du doigt lors des procès. D’ailleurs, les Centres Hospitaliers, ou parfois l’Etat français (les prisons étant dans le domaine public) sont condamnés à des amendes lourdes. Pourtant, la faute n’est pas réellement médicale. On estime à 1/3 la proportion de détenus qui n’ont rien à faire dans les prisons en vue de leur état mental. Des débats autour de la frontière entre criminel pur et malade sont toujours en cours au sein du Ministère de la Justice.

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L'auteur
Clémentine Billé

Bio

Clémentine Billé est rédactrice, spécialisée dans les questions sociétales relatives à la santé.Voir plus

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