Une prothèse crânienne en céramique : un procédé unique au monde
Rédigé par Marie Penavayre , le 01 August 2014 à 11h38
Des chercheurs du CHU de Limoges ont développé une nouvelle génération de prothèse crânienne. Une technologie de pointe utilisant l’impression en 3D, qui n’est pas loin de révolutionner la chirurgie maxillo-faciale.
Une centaine de patients concernés chaque année par ce type d’opération
Cette prothèse permet de soigner des patients ayant perdu plus de 15% de la surface du crâne.
«On peut vivre avec une partie du crâne en moins, comme on peut vivre avec certaines malformations graves du crâne, mais en dehors du fait que c'est inesthétique, il y a des risques pour la santé. Ces patients sont souvent victimes des symptômes d'un grand traumatisé: maux de tête, vertiges, irritabilité, trouble de la concentration, épilepsie», explique le Dr Joël Brie, chef du service de chirurgie maxillo-faciale au CHU de Limoges.
"La meilleure reconstruction est certes toujours celle faite avec l'os du patient, mais parfois celui-ci comporte un risque infectieux", relève-t-il.
Auparavant, le docteur Joël Brie utilisait des prothèses en matière plastique, dont le taux de contamination pouvait aller jusqu'à 20%. Aujourd’hui, cette prothèse en céramique permet une réduction quasi-totale du risque infectieux.
Un crâne sur mesure fabriqué par l’entreprise 3D Ceram
Le service de chirurgie maxillo-faciale s’est associé à 3D Ceram, une entreprise dédiée à la mise en forme d’objets céramiques à l’architecture complexe. Grâce à la technologie de 3D Ceram, la partie manquante du crâne est modélisée numériquement en trois dimensions. En 48 heures maximum, l'objet est modelé au laser, avant cuisson, explique Christophe Chaput, cofondateur de 3D Ceram.
"La machine crée l'objet par tranches de 25 microns, soit un quart de cheveu d'épaisseur, avec une telle précision que la découpe est pour ainsi dire sur mesure", ajoute-t-il.
Des centaines de micro-trous ont été créés en périphérie de la prothèse, permettant à l’os de se fixer sur la céramique et de recoloniser les zones poreuses au bout de quelques mois. Cette porosité permet ainsi de garantir la solidité de l’implant.
Un matériau bio-compatible qui séduit
Le CHU de Lille ou encore celui de Toulouse se sont montrés intéressés par cette technologie. D’après certains chercheurs, il serait intéressant d’effectuer une étude comparative avec un autre type de prothèse, comme les prothèses en Peek (PolyEtherEtherKetone, polymère biocompatible).
Depuis 2005, 17 patients ont bénéficié de cette prothèse, avec un total de zéro infection.
En juillet 2013, le Dr Joël Brie a publié ses résultats dans la revue Journal of Cranio-Maxillo-Facial Surgery. Lorsque son équipe aura réuni un échantillon de 30 patients, cette technologie sera réputée fiable et pourra être utilisée par d'autres équipes, en France ou à l’étranger.
Seul bémol : le coût d'une prothèse est d'environ 12 000 euros.