Cellules souches : un procédé de production "révolutionnaire"
Rédigé par Alexis Van Wittenberghe , le 31 January 2014 à 08h15
Des chercheurs japonais du Riken Centre for Developmental Biology de Kobé ont découvert une solution rapide et efficace pour produire des cellules souches embryonnaires. Même si les applications dans un traitement médical semblent bien loin, les scientifiques ont de bons espoirs. La médecine régénératrice serait la première à bénéficier de cette découverte, ce nouveau mode de production lui offrant les moyens nécessaires à son ambition.
"Au coeur de la médecine régénératrice"
Des chercheurs japonais du Riken Centre for Developmental Biology de Kobé ont découvert une solution rapide et efficace pour produire des cellules souches embryonnaires. Il suffirait d'un simple bain d'acide suivi d'un confinement en culture pendant une semaine pour obtenir ces précieux organismes. L'équipe du professeur Haruko Obokata a partagé ses travaux et sa découverte mercredi dernier dans la revue Nature.
Capables de prendre la forme d'une grande variété de cellules participant au développement des organes, les cellules souches embryonnaires sont au cœur de la médecine régénératrice. Cependant, le recours à des embryons comme source de prélèvement est très controversé. Par ailleurs, les transformations de cellules spécialisées, via la manipulation du gène, en cellules souches pluripotentes induites (iPS) similaire aux cellules souches embryonnaires, sont très difficiles à réaliser.
Cette approche, "révolutionnaire" selon les scientifiques, apporterait à la médecine régénérative, les outils nécessaires à son ambition. Les mises en application sont larges et variées, allant de la réparation des tissus organiques aux traitements contre les maladies dégénératives comme Alzheimer.
Les cellules souches nouvelle génération
Les scientifiques ont mené leurs recherches sur des globules blancs de nouveau-nés de souris et bien que l'opération ait démontré que ce phénomène pouvait fonctionner sur des mammifères, ils ne savent pas encore si la méthode fonctionnera chez l'humain sans présenter de danger.
C'est en influant sur l'environnement des cellules (manque d'oxygène, température variable, etc.) que l'équipe du docteur Haruko Obokata a obtenu ce résultat. Dans la pratique, ils ont juste eut à tremper dans une solution acide les cellules sélectionnées, les passer une demi-heure plus tard à la centrifugeuse puis attendre une semaine d'incubation en culture pour obtenir leurs cellules souches. Les scientifiques ont baptisé leur découverte "cellules STAP" (Acquisition de pluripotence déclenchée par stimulus).
Ce phénomène de régénération lié à la modification de l'environnement est connu chez les plantes, toutefois il s'agissait d'une première chez les mammifères.
"À pas de souris"
Le développement et la production de cellules souches n'en sont qu'à leurs balbutiements. Les cellules STAP semblent avoir du mal à se renouveler par elles mêmes. Les conclusions de travaux annexes tendent néanmoins à démontrer que le milieu de culture conditionne le renouvellement des cellules souches.
Dusko Ilic, un spécialiste des cellules souches du Kings College London, a lui aussi qualifié de "révolutionnaire" la méthode utilisée par ses confrères japonais. Néanmoins, l'application clinique risque de devoir attendre, tempère la communauté scientifique. Des précautions doivent être prises comme pour n'importe quelles autres méthodes. En comparaison, il aura fallut douze ans pour entamer les premiers essais chez l'homme avec les cellules souches embryonnaires (créées en 1998). De leur côté, les cellules iPS créées en 2006 par le prix Nobel de médecine, le docteur Shinya Yamanaka, n'auront attendu que six ans avant les premiers essais.