Explosion de la consommation mondiale d’antibiotiques

Entre 2000 et 2015, la consommation mondiale d’antibiotiques a connu une augmentation de 65%. Tel est le résultat d’une étude publiée dans le PNAS, journal de l’Académie américaine des sciences. Cette hausse favorise l’apparition d’antibiorésistance et représente une menace pour la santé mondiale selon l’Organisation Mondiale de la Santé.

Utilisation à mauvais escient et émergence d’antibiorésistance

En 16 ans, la consommation globale d’antibiotiques a explosé dans le monde. Elle est passée de 21,1 milliards à 34,8 milliards de doses quotidiennes. Afin d’aboutir à leur conclusion, les auteurs de l’étude ont compilé et analysé les données provenant de 76 pays. Cette progression s’explique en grande partie par la hausse de la consommation dans les pays à revenu faible et intermédiaire.

Dans ces pays où l’automédication est une pratique répandue, les antibiotiques sont aisément accessibles sans ordonnance. Le niveau de consommation y a ainsi augmenté d’environ 114% pour atteindre les 24,5 milliards de doses quotidiennes. Ils sont utilisés à tort et à travers, qu’il s’agisse de médicaments certifiés, de génériques de mauvaise qualité ou de contrefaçons.

Trois pays sont particulièrement touchés par cette hausse de la consommation d’antibiotiques. En Inde, elle a doublé. En Chine et au Pakistan, elle a augmenté de 79% et de 65%. Ces pays constituent désormais les plus gros consommateurs d’antibiotiques. Depuis 2014, les bactéries résistantes font près de 700 000 victimes chaque année et dix millions d’ici 2050.

Nécessité de mesures pertinentes pour une meilleure utilisation

Selon un groupe d’experts constitué en Grande Bretagne en 2014, la priorité doit être donnée à la réduction du taux de consommation d’antibiotiques dans les pays développés. De même, il devient urgent de ralentir la croissance de la consommation dans les pays à revenu faible et moyen. Cela est essentiel pour tenter de contenir le phénomène d’antibiorésistance.

Dans les pays à haut revenu, 30% de la consommation d’antibiotiques correspondent encore à des utilisations inadéquates. D’après Eili Klein, coauteur de l’étude et chercheur au Center for disease dynamics, economics & policy à Washington, l’éradication de ces utilisations inutiles est une étape obligatoire vers la diminution de la consommation, même dans les pays à revenu faible et intermédiaire.

La distribution d’antibiotiques à l’unité est également une piste à explorer pour lutter contre le gâchis, les utilisations à mauvais escient et l’automédication. Une étude dans cent pharmacies françaises durant un an a en effet montré que 100% des patients ayant reçu des antibiotiques à l’unité ont observé leur traitement contre 65% de ceux ayant reçu une bo