Le gouvernement veut mettre fin au monopole des pharmaciens sur certains médicaments
Rédigé par Céline Le Goff , le 28 July 2014 à 16h20
Le gouvernement réfléchit sur la possibilité de mettre fin au monopole des pharmaciens sur certains médicaments. Cela permettrait de baisser les prix de ces médicaments, que l’on pourrait ainsi acheter en grande surface.
Fin du monopole sur les médicaments non remboursés ou dont la prescription est facultative
L’Inspection Générale des Finances (IGF) a rédigé un rapport sur les professions réglementées, dont fait partie le métier de pharmacien, dans lequel il préconise de mettre fin au monopole des pharmaciens sur certains médicaments. Deux catégories de médicaments sont concernées, les médicaments dont la prescription est facultative tels que le Doliprane, le Spasfon, et les médicaments non remboursables tels que le Nurofen, l’Humex et le Fervex.
Pour les médicaments dont la prescription est facultative, l’Etat fixe le prix mais le tarif d’achat auprès du laboratoire peut être négocié par le pharmacien en fonction des volumes. Pour ceux non remboursés, le professionnel a la liberté de fixer le prix de vente. Cela a engendré des écarts considérables, selon une enquête de septembre 2013 menée par l’UFC Que Choisir. Le prix moyen d’un panier de médicaments sans ordonnance est de 24.68 euros, mais il monte jusqu’à 33.70 euros dans le 15ème arrondissement de Paris et descend à 17.08 euros à Arras.
Des écarts de prix conséquents selon les quartiers
Ouvrir la concurrence pour ces deux types de médicaments aura pour conséquence de faire baisser les prix et donc de réduire les dépenses en médicaments non remboursés des ménages. A l’heure actuelle, ils représentent 9% du chiffre d’affaire des pharmaciens. Or, selon le rapport, « les prix des médicaments non remboursables ont augmenté deux fois plus vite que le coût de la vie depuis quinze ans (+3% par an en moyenne entre 1998 et 2011) », cette hausse permet de compenser la baisse des prix des médicaments remboursés. Cette augmentation est en effet jugée fortement disproportionnée et le gouvernement, grâce à cette mesure, souhaite augmenter le pouvoir d’achat des ménages.
Déjà en décembre dernier, l’Autorité de la concurrence avait demandé à ce qu’une sélection restreinte de médicaments soit ouverte à la concurrence tels que des médicaments sans ordonnance ou des produits « frontières » (tests de grossesse). Marisol Touraine, la ministre de la Santé, avait cependant refusé de prendre une telle décision pour éviter le développement de la contrefaçon de médicaments sur le territoire français.
En contrepartie de la fin de ce monopole, l’IGF s’est prononcé en faveur de la libre installation des pharmaciens, délivrée à l’heure actuelle par une autorisation de l’Agence Régionale de Santé. Egalement, le gouvernement compte mettre fin au numerus clausus pour les étudiants en pharmacie.
Ce n’est pas la seule profession réglementée qui est visée par l’IGF, le gouvernement a voulu réduire les marges réalisées par plusieurs de ces professions telles que les notaires, les greffiers et les avocats. Arnaud Montebourg, ministre de l’Economie, a expliqué « ces professions captent par leur position des revenus pour des services payés trop chers qui entament le pouvoir d'achat des ménages ».