Mal de dos : le paracétamol, pas plus efficace qu’un placebo
Rédigé par Marie Penavayre , le 25 July 2014 à 10h59
Une récente étude montre que le paracétamol est aussi efficace qu’un placebo dans le traitement du lumbago.
La paracétamol, traitement de choix contre le lumbago
Le paracétamol, aussi appelé acétaminophène, est la substance active des trois médicaments les plus prescrits en France (Doliprane, Dafalgan, Efferalgan). Il a l'avantage d'avoir peu de contre-indications, et de n'avoir que très rarement des effets indésirables sérieux.
Le paracétamol est recommandé comme traitement de choix contre la lombalgie aiguë. Or, aucune étude préalable n’avait encore permis de justifier l’hégémonie de ce médicament dans cette situation pathologique. Ces résultats ne sont pas sans importance puisque les douleurs lombalgiques constituent l’une des principales causes d'invalidité à travers le monde.
Une étude randomisée en double aveugle
Cette vaste étude menée entre novembre 2009 et mars 2013 à Sydney, a regroupé plus de 1.600 personnes souffrant d’épisodes aigus de lombalgies. Les patients ont été répartis en trois groupes par tirage au sort, et suivis pendant trois mois. Le premier groupe recevait des doses régulières de paracétamol (trois fois par jour), le deuxième en prenait si besoin, et le dernier prenait un placebo, un médicament sans principe actif et d’apparence identique au paracétamol. L’étude a été menée en double aveugle, c’est-à-dire que ni le patient ni les médecins ne savaient qui recevait quel comprimé. Chose importante, les patients ont reçu des conseils tout au long de l’étude, et ont été rassurés sur le bon pronostic de leurs douleurs.
Les patients sous placebo ont récupéré plus vite que ceux ayant reçu l’antidouleur
Les chercheurs ont étudié le temps médian de rétablissement, soit le temps nécessaire pour que les douleurs cessent durablement. Ce délai a été de 17 jours pour les deux premiers groupes, et de 16 jours pour le groupe ayant reçu le placebo, soit une différence statistiquement non significative. De même, l'état fonctionnel et la qualité du sommeil se sont améliorés de manière similaire entre les trois groupes.
Ces "résultats suggèrent que l’efficacité du paracétamol dans le traitement du lumbago est égale à celle d’un placebo. En d'autres termes, le paracétamol n'affecte en rien le temps de rétablissement d’un lumbago : aucune différence concernant l’intensité des douleurs, la qualité de sommeil, les effets indésirables ou la durée moyenne d’inactivité professionnelle (16-17 jours).
Privilégier les soins médicaux
Cette étude démontre aussi l’importance des soins médicaux dans la gestion de la douleur, puisqu’elle révèle qu’un suivi fondé sur le conseil et le réconfort des patients est tout aussi efficace que le traitement médicamenteux.
«Un simples analgésique comme le paracétamol ne peut pas être la clef de la gestion de la crise de lombalgie, résume le Dr Christopher Williams, qui a mené l’étude. Nous devons reconsidérer la recommandation universelle de prescrire du paracétamol comme traitement de première intention. Et il nous faut comprendre pourquoi le paracétamol peut être efficace dans d’autres situations douloureuses mais pas dans celle-ci.»