Le pupillomètre : l'appareil qui mesure la douleur des patients sous anesthésie
Rédigé par Clémentine Billé , le 24 February 2014 à 11h48
Le pupillomètre permet de mesure la douleur des patients sous anesthésie
Une société marseillaise crée le pupillomètre, un appareil destiné à mesurer la douleur d’un patient via la dilatation de sa pupille. Une manière pour les médecins de connaitre la douleur des personnes sous anesthésie.
Petit chouchou des services pédiatriques, il compte révolutionner l’anesthésie pratiquée dans les hôpitaux. Le pupillomètre est un appareil qui permet de mesurer le niveau de la douleur d’un patient. En moins d’une seconde, cette petite machine estime la souffrance d’une personne sous anesthésie, permettant de réajuster les doses.
Et avant, comment mesurait-on la douleur des patients ?
Jusqu’alors, l’estimation de la quantité administrée se faisait à l’œil nu, en observant les gestes ainsi que la pression artérielle et cardiaque du patient. C‘est IDMed, une société marseillaise qui a mis au point ce nouveau dispositif. Elle a travaillé durant trois années pour enfin présenter le pupillomètre, rebaptisé l’Algiscan. Les créateurs n’en sont pas à leur premier coup d’essai. En 2008, deux ingénieurs créent la société « Jeune pousse ». L’un d’eux, Frédéric Bernert, 40 ans explique « Nous connaissons depuis plus de quinze ans les équipements autour de la mesure de l'œil. Avant de créer IDMed, nous avions travaillé sur un appareil qui permettait de diagnostiquer les troubles de l'équilibre à partir du mouvement des yeux des patients. »
Le pupillomètre évite les effets secondaires des anesthésiants
A l’heure actuelle, cet appareil fonctionne uniquement sur les personnes inconscientes. Il mesure la dilatation de la pupille du patient grâce à une caméra infrarouge. Tout se fait dans le noir, aucune lumière ne doit être perçu par l’appareil, risquant de biaiser la mesure. Cela permet d’ajuster tous les anesthésiants tels que les antalgiques, les opiacés et les analgésiques accordés au patient avant le début de l’opération.
Résultat ? La personne récupère mieux à son réveil car elle n’a pas reçu une surdose. En effet, les médecins préfèrent administrer une quantité plus importante par précaution, de peur que le patient ressente une douleur ou pire, commence à se réveiller en pleine opération. Les trop faibles quantités quant à elle peuvent amener des douleurs post-opératoires qui retardent le rétablissement.
Le pupillomètre, un appareil adapté à tous les souffrants ?
Le principe est très simple : c’est comme lorsque le médecin demande « sur une échelle de 1 à 10, à combien estimez-vous votre douleur ? » Désormais, le chirurgien le sait directement via l’appareil. Pourquoi ne pas l’utiliser dans toutes les situations dans ce cas ? La mesure serait plus précise, et le docteur n’aurait pas à se fier au patient. Le seuil de tolérance de chacun est très différent et le patient peut exagérer sous l’effet de la douleur.
Des éléments extérieurs, à commencer par la lumière viennent perturber l’évaluation de la souffrance. Les futures mamans, lors des accouchements, ont été les premières à les tester. Frédéric Bernert, le co-inventeur du pupillomètre explique qu’il s’agissait d’ « évaluer la douleur de femmes enceintes. Mais de nombreux signes extérieurs perturbent alors la mesure. La pupille se dilate notamment sous l'effet du stress ».
Aujourd’hui, déjà une centaine d’appareils ont été vendus aux hôpitaux, notamment à la Croix-Rousse, principal établissement de Lyon, auquel était affiliée l’ancienne société « Jeune pousse ». Le CHU de Grenoble, où se trouve Michael Schumacher le teste également sur l'ex-champion de Formule 1. Outre les blocs opératoires, les médecins l’utilisent aussi en service de réanimation. Ici, l’appareil baptisé AlgiScan permet d’ajuster la quantité d’anesthésiants pour qu’il sorte enfin du coma.