Truvada : le médicament préventif contre le SIDA en plein débat
Rédigé par Emmylou Drys , le 19 May 2014 à 08h50
Les Etats-Unis ont autorisé la commercialisation d’un médicament, le Truvada, comme traitement préventif contre le SIDA. Il s’adresse notamment aux personnes homosexuelles qui ne portent pas de préservatifs. Les associations craignent une hausse des comportements à risque.
Le SIDA touche dans le monde 34 millions de personnes dont 3 millions chaque nouvelle année, selon AIDS, la première association de lutte contre le SIDA. Les recherches actuelles ont largement fait baisser le nombre de nouvelles infections grâce aux traitements préventifs et de fonds, mais cela ne suffit pas à éradiquer l’infection. Les Etats-Unis ont mis au point un traitement préventif, mais son utilisation fait débat.
Pour toutes les personnes exposées
La pilule bleue du Truvada pourrait prévenir la contamination de près de 500 000 personnes aux Etats-Unis chaque année. Déjà autorisé à être commercialisé en 2012 par l’Agence des médicaments américaine, la FDA (Food and Drugs Agency), en tant que traitement curatif, il est aujourd’hui autorisé comme médicament préventif pour toute une catégorie de personnes exposées à un haut risque de contraction de l’infection. Cela comprend les toxicomanes, les personnes en couple avec un(e) séropositif(ve) mais aussi les homosexuels qui n’utiliseraient pas le préservatif.
Le laboratoire californien Gilead Sciences à l’origine de ce médicament explique qu’une prise quotidienne est nécessaire et que les effets secondaires sont très rares. Cette méthode, appelée pre-exposure prophylaxis ou PrEP coûte au patient entre 1 200 et 2 000 $ par mois. Cela pourrait en décourager plus d’un même si les dépenses sont généralement couvertes par l’assurance maladie, explique à l’AFP que Dr Ray Martins, responsable de la clinique Whitman Walker.
Peur de favoriser des comportements à risque
Plusieurs associations de lutte contre le SIDA ou de défense des homosexuels ont émis des réserves quant à l’utilisation préventive du Truvada. La raison ? Ils craignent qu’à cause de ce traitement, les personnes homosexuelles arrêtent de se protéger et qu’au final cela revienne à une plus grande contamination, ce qui serait paradoxal. D’autres avancent que la prise quotidienne du médicament est compliquée pour les personnes car le risque d’oubli est élevé, ce qui amoindrit l’efficacité du médicament. Cet argument ne tient pas vraiment la route, quand on sait que des milliards de personnes au monde prennent chaque jour des médicaments, à commencer par la pilule contraceptive pour les femmes.
Certaines catégories de la population homosexuelle états-unienne défendent le Truvada et rentrent dans le débat pour vanter son efficacité. Des études scientifiques ont prouvé que le traitement empêchait la contamination dans 92 % des cas. Ces recherches ont également prouvé que la prise de ce médicament n’a aucunement favorisé les comportements à risque. Il serait donc dommage de s’en priver alors qu’il pourrait permettre de combattre cette maladie qui fait 15 000 décès par an dans le Pentagone.