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Une banque de don d'organes d'un nouveau genre sauve des patients aux États-Unis

Rédigé par , le 18 February 2014 à 07h57

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Campagne publicitaire de la Fédération des associations pour le don d'organes et de tissus humains.

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À Cambridge, le don de matière fécale se développe et apporte une solution plus efficace que les antibiotiques pour certaines infections.

Le Clostridium difficile est une bactérie qui ravage les hôpitaux. De nombreux patients qui consomment une grande quantité d'antibiotiques pour leur traitement en sont victimes. En effet les médicaments détruisent au fur et à mesure la flore intestinale et facilitent ainsi le développement de la bactérie. Le C. difficile comme on l'appelle, entraîne des symptômes graves allant jusqu'au décès : une forte diarrhée, une perte d'appétit, des vomissements ainsi que de la fièvre.

Alors que les traitements manquent pour combattre cette infection, une solution est connue, bien qu'encore assez marginale et difficile d'approche à la fois pour les donneurs mais également pour les patients : la transplantation fécale.

Le Clostridium difficile tue 14 000 personnes par an aux États-Unis

Il y a un peu plus d'un an, Mark Smith, 27 ans, et trois de ses collègues ont lancé OpenBiome, première banque de selles humaines des États-Unis. Sa mission : fournir aux médecins une réserve de matières fécales pour transplanter leurs patients. Le sujet prête à rire et pourtant 14 000 Américains meurent chaque année de cette infection gastro-intestinale. «Les gens sont en train de mourir , et c'est fou parce que nous savons quelle est la solution », a déclaré M. Smith . «Les gens font des greffes fécales dans leur sous-sol car ils savent que ca marche  mais ils ne peuvent pas être transplantés dans de bonnes conditions de stérilisation. Nous avons besoin d'une solution intermédiaire jusqu'à ce que il y ait des produits fiables sur le marché».

Le Clostridium difficile fait parti des milliards d'autres bactéries composant le corps humain, cependant lorsque les antibiotiques essuient la concurrence, la bactérie produit des toxines et entraîne ces symptômes de diarrhée persistante.

Comment ca se passe concrètement ? La médecine doit souvent explorer des pistes plutôt difficiles à faire accepter par le grand public... Cependant lorsqu'un donneur arrive chez OpenBiome, rien de choquant, c'est un petit geste pour lui mais qui permet de sauver des vies. Une fois le don reçu, un technicien le conserve dans une préparation spéciale et le stocke dans les congélateurs du laboratoire de microbiologie, en attente d'expédition vers les hôpitaux à travers le pays. Chaque conteneur est étiqueté : préparation de microbiote fécale.

Les selles du donneur seront ensuite transplantées dans l'intestin ou le côlon d'un patient malade par un lavement, une coloscopie ou une sonde naso-gastrique. Les bactéries saines ainsi apportées vont combattre les C. difficiles et rétablir l'équilibre de l'intestin.

Une étude publiée l'an dernier dans le New England Journal of Medicine a révélé que les transplantations fécales étaient presque deux fois plus efficaces que les antibiotiques dans le traitement des patients atteints de C. difficile récurrent.

Le don de matière fécale reste un sujet difficile à aborder avec les patients

Mais où trouver des selles de donneur sain ? Pour les médecins, c'est un processus de longue haleine, et certains patients sont obligés de se tourner maladroitement vers des parents ou amis. Depuis septembre 2013, OpenBiome a livré plus de 135 préparations congelés à 13 hôpitaux. Le projet est à but non lucratif.

Carol Capps, 75 ans, infirmière à la retraite en Caroline, a dû, pendant une période de plusieurs mois, faire des allers-retours incessants dans les hôpitaux à cause d'une infection de C. difficile qui ne disparaissait pas malgré les multiples traitements antibiotiques. Après une récidive, son médecin lui a suggéré OpenBiome et elle a reçu une greffe fécale. Dans l'après-midi suivant l'opération, Mme Capps dit s'être sentie comme une personne nouvelle et n'est pas tombée en récidive depuis. «Je suis vraiment reconnaissante pour celui qui fait don » a-t-elle déclaré. «C'est un miracle».

La FDA tarde à régulariser ce marché

Malgré sa promesse faite par la Food and Drug Administration vis-à-vis de la réglementation des transplantations fécales au début de 2013, l'agence a annoncé qu'elle allait les traiter comme des médicaments biologiques nécessitant une nouvelle demande de drogue, ce qui précède généralement à un essai clinique et interdit donc l'utilisation du traitement. Patients et médecins se sont offusqués de cette déclaration suite à quoi la FDA a annoncé qu'elle allait prévoir de publier des lignes directrices pour l'industrie du don de matière fécale courant 2014.

Certains médecins craignent cependant que l'approbation des efforts de OpenBiome ne ralentisse le développement de thérapies de nouvelle génération au-delà des préparations brutes disponibles aujourd'hui. « Nous allons être coincé avec le modèle OpenBiome , et rien de mieux à venir », a déclaré le docteur Khortus.

« Nous pensons qu'il devrait y avoir une réglementation, mais contrairement à la plupart des produits que la FDA supervise, il y a un risque réel de marché noir », a-t-il ajouté.

En France très peu de services ont recours au don de matière fécale malgré l'efficacité démontrée du traitement notamment parce que ce marché n'est pas du tout développé et que l'accès au produit reste très difficile. 

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L'auteur
Anthony Laforce

Anthony Laforce

Rédacteur en chef

Bio

Anthony Laforce est le créateur du journal d'actualités santé d'Allo-Médecins et son rédacteur en chef actuel. Voir plus

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