Polémique sur les prix des médicaments contre le cancer

Les laboratoires pharmaceutiques sont pointés du doigt pour les prix exagérés des traitements innovants contre le cancer. La Ligue contre le cancer dénonce des risques d’inégalité entre les malades. Les patients non couverts par une assurance sont inévitablement exclus. Leurs coûts sont aussi une menace pour l’Assurance Maladie. 

Une inflation inquiétante des prix des médicaments innovants

Selon le Pr Jean-Paul Vernant, les prix des médicaments contre le cancer ont quasiment triplé en une décennie. Si leurs coûts étaient de 24 milliards de dollars en 2004, ceux-ci ont dépassé les 80 milliards en 2014. Des mesures fortes sont à prendre pour contenir cette inflation sinon leurs coûts atteindraient 155 milliards de dollars d’ici 2020.

La multiplication des traitements ciblés est la principale cause de cette tendance inflationniste. Auparavant, les médicaments traitaient par exemple l’ensemble des malades du cancer du poumon. Les traitements innovants ne s’adressent qu’à des sous-groupes de malades. Or, les laboratoires pharmaceutiques fonctionnent suivant une logique de retour sur investissement et fixent des prix exorbitants.

Si l’efficacité des traitements innovants n’est pas remise en cause, la pratique des laboratoires pharmaceutiques est condamnable. La ligue contre le cancer et les spécialistes s’accordent à dire que cette situation impacterait sur la pérennité du système de santé. Le vieillissement de la population étant un facteur de risque majeur, le déficit de l’Assurance Maladie s’élèverait à 14 milliards d’euros en 2020.

Des barrières face aux dérives de l’industrie pharmaceutique

L’excessivité des prix des médicaments innovants contre le cancer pose un problème à la fois d’équité, étique et économique. La réglementation de leur mode de fixation constitue ainsi un enjeu stratégique aussi bien pour les malades que pour l’Assurance Maladie. La Ligue contre le cancer réclame un débat citoyen sur le sujet pour lutter contre les dérives.

De leur côté, les cancérologues insistent sur la nécessité d’une transparence absolue des coûts de recherche et de développement. Ceux-ci représentent juste 15 à 20% des chiffres d’affaires des laboratoires pharmaceutiques tandis que les campagnes de promotion coûtent le double. Pourtant, ces derniers fixent les prix des médicaments innovants en fonction d’autres critères comme les économies générées par les traitements.

Pour des prix plus honnêtes, les spécialistes militent également pour la limitation de la marge bénéficiaire des laboratoires pharmaceutiques à 7% maximum. De même, ils préconisent une indexation immédiate des prix des traitements innovants à ceux des médicaments génériques. Pour ces cancérologues, la santé ne devrait pas être assimilée à un simple secteur commercial.