Le décès de Jacques Servier ne signera pas l'arrêt des procédures judiciaires.
Rédigé par Emmylou Drys , le 17 April 2014 à 14h30
Jacques Servier pendant son procès
Jacques Servier, président-fondateur des laboratoires Servier, est mort de vieillesse ce mercredi 16 avril à l’âge de 92 ans, selon un communiqué de l’entreprise.
L’image dorée des laboratoires Servier, deuxième groupe pharmaceutique derrière le géant Sanofi, avait été ternie en 2011 suite aux révélations d’une pneumologue brestoise sur les méfaits du médicament Médiator. Rappel :
L’affaire Médiator
Le Médiator, qui est le nom commercial pour nommer le médicament à base de Benfluorex est à l’origine un médicament antidiabétique produit par les laboratoires Servier. Il avait été largement prescrit pendant des années en tant que coupe-faim pour traiter les maladies de surcharge pondérale non liée au diabète. Le laboratoire a eu beau nier avoir fait la promotion de ce comprimé dans ce but, les procédures judiciaires avaient permises de le confondre en justice. Le groupe vantait même auprès de ses confrères et consœurs du corps médical les bienfaits de ce médicament. Ces derniers, attribuant toute leur confiance, le prescrivait donc sans aucun soupçon des effets néfastes possibles sur l’organisme.
En 2011, Irène Frachon, pneumologue, va faire éclater le scandale. Le Médiator provoquerait des lésions sur les valves cardiaques. Selon une enquête judiciaire, il pourrait être à l’origine de près de 2100 décès de personnes qui s’étaient laissées miroiter l’espoir d’une perte de poids grâce au médicament. Mais ce n’est pas tout, le laboratoire est également accusé d’avoir dissimulé aux autorités sanitaires la dangerosité du médicament. Le laboratoire était apparemment conscient de la composition douteuse du comprimé et l’avait sciemment caché.
La pilule ne passe pas
Le groupe pharmaceutique ne veut pas parler du procès et ne pense qu’à rendre hommage à cet homme de sciences, médecin de formation et qui avait au fil des années construit un empire du médicament. Mais les détracteurs du laboratoire Servier ne sont pas du même avis. « La justice ne s’arrête pas avec sa mort » explique Irène Frachon à l’AFP, « Si la personne a disparu, le nom de Jacques Servier et ses collaborateurs auront à répondre des crimes devant la Justice » rassure-t-elle. Marisol Touraine, ministre de la santé, déclare que "Ce qui restera de Jacques Servier, c'est ce scandale sanitaire gigantesque du Médiator ».
Pour la suite des événements, un procès est prévu courant 2015 pour juger les responsables du scandale. Bien que les victimes perdent aujourd’hui le principal témoin et responsable de la procédure, les enquêtes continuent. Plusieurs sont aujourd’hui ouvertes, pour « tromperie aggravée », « homicides et blessures involontaires » ou encore « trafic d’influence ». Rendez-vous en 2015.