Antibiotiques, la consommation ne baisse toujours pas
Rédigé par La Rédaction , le 15 December 2017 à 11h54
En 2002, le slogan « Les antibiotiques, c’est pas automatique » a marqué les esprits. Pourtant, malgré quinze années de sensibilisation, les Français prennent toujours autant d’antibiotiques. Le niveau de consommation est largement au-dessus de la moyenne européenne, faisant de la France un des plus gros consommateurs en Europe.
Tendance à la hausse de la consommation d’antibiotiques
La France fait partie des bons élèves en termes de qualité du système de soins et d’espérance de vie. Toutefois, la surprescription et/ou la prescription à mauvais escient d’antibiotiques est un problème récurrent. D’ailleurs, l’Agence nationale de sécurité du médicament ou ANSM a relevé une hausse alarmante de 5,6% de la consommation en ville de 2011 à 2016.
Pour cause, les médecins généralistes ont tendance à les prescrire systématiquement, même en cas d’infections non bactériennes. La dose quotidienne d’antibiotiques dans l’Hexagone est de 30 contre seulement 10 aux Pays-Bas et en Suède selon Valérie Paris, spécialiste en politiques de santé à l’Organisation de coopération et de développement économiques ou OCDE. Or, les antibiotiques ne sont efficaces que contre les bactéries.
La persistance de cette situation favorise l’apparition de résistance aux antibiotiques. Chaque année, plus de 160 000 individus sont contaminés par une bactérie multirésistante ou BMR en France. Le nombre de décès s’élève à 12 500. A l’horizon 2050, la vie de plus de dix millions de personnes serait menacée tous les ans par l’antibiorésistance.
Surprescription et non-respect des ordonnances médicales
Les médecins généralistes sont pointés du doigt à cause des prescriptions d’antibiotiques non justifiées. 93% du recours à ces molécules indispensables à la médecine moderne proviennent d’eux contre 7% uniquement des services hospitaliers. Toutefois, les Français ne sont pas non plus des exemples en matière de respect de traitements d’après l’Assurance maladie. En effet, ils respectent rarement la durée et la posologie.
La surconsommation d’antibiotiques n’est pas sans conséquence. Cela rend la flore intestinale hermétique à un certain nombre de traitements et les infections courantes difficiles à soigner. Ainsi, depuis plusieurs années, des souches tenaces d’Escheribia coli, entérobactéries sources d’infections urinaires, et de Klebsiella pneumonia, responsables d’infections pulmonaires et d’angines en hiver, sont en hausse constante en France.
Cependant, des évolutions positives ont été enregistrées concernant les antibiotiques critiques. A titre d’exemple, leur consommation a légèrement baissé de 1,5% entre 2015 et 2016. Dans les hôpitaux, leur emploi dans les services de réanimation et de maladies infectieuses est resté stable. Ces antibiotiques sont qualifiés de critique en raison de la résistance bactérienne qu’ils génèrent.