Alzheimer : certains somnifères augmentent le risque
Rédigé par Marie Penavayre , le 10 September 2014 à 12h45
L'utilisation à long terme de benzodiazépines est associée à un risque accru de développer la maladie d'Alzheimer. C’est ce que révèle une étude franco-canadienne menée sur plus de 9 000 personnes âgées de plus de 66 ans.
Des durées de traitement souvent trop longues
Les benzodiazépines sont les médicaments psychotropes les plus souvent prescrits dans le traitement de l'anxiété et des troubles du sommeil. En France, environ 30% des personnes de plus de 65 ans en consommeraient, et leur prescription s’étend souvent sur une période dépassant largement la durée recommandée, soit 3 mois.
Pourtant, leur utilisation prolongée peut comporter des risques : troubles de la mémoire et du comportement, altération des fonctions psychomotrices… sans compter le risque de dépendance. En 2012, une étude de l’Inserm tirait déjà le signal d’alarme concernant l’association entre la consommation des benzodiazépines et la survenue de démence chez les plus de 65 ans.
Un risque de développer la maladie accru de 51%
Afin de préciser la nature de cette relation, des chercheurs de l’Inserm et de l’Université de Montréal ont utilisé les informations de santé issues de la Régie de l'Assurance Maladie du Québec concernant près de 9 000 personnes, dont environ 1 800 cas d’Alzheimer. Ils ont alors comparé ces cas aux 7 000 autres personnes en bonne santé, de même âge et de même sexe. Après six ans de recherches, ils ont montré que la prise de benzodiazépines pendant plus de trois mois augmentait sensiblement le risque de développer la maladie d'Alzheimer : un risque pouvant atteindre les 51 %.
L'association était notamment liée à la dose du traitement et à sa durée d'exposition : plus les doses et la durée du traitement étaient importantes, plus les risques de développer la maladie augmentaient.
Un lien de cause à effet ?
Les auteurs soulignent que leurs résultats « renforcent la suspicion d'un lien direct possible » entre la consommation de benzodiazépines et la maladie d'Alzheimer, même s’il doit encore être confirmé. Sophie Billioti de Gage, chercheur à l’Inserm et principale auteur de l’étude commente : « On constate une relation dose-effet, et il est intéressant de voir qu’il n’y a pas d’augmentation du risque de maladie d’Alzheimer si la consommation de benzodiazépines ne dépasse pas 3 mois ».
Les chercheurs recommandent donc d’être plus vigilants sur l’utilisation de ces psychotropes, particulièrement sur la durée du traitement et sur leur durée d’action.
Ces résultats vont d’ailleurs dans le sens des plans d’actions lancés par les autorités sanitaires de plusieurs pays concernant les benzodiazépines. En juillet dernier, la Haute Autorité de Santé (HAS) préconisait de réduire leur remboursement par la Sécurité Sociale (actuellement à 65%).