Homéopathie dans les maternités, une pratique qui interroge
Rédigé par La Rédaction , le 08 February 2018 à 12h56
Pendant la grossesse, certaines femmes utilisent l'homéopathie comme alternative aux médicaments classiques.
Pour la communauté scientifique, il n’existe aucune preuve de l’efficacité de la médecine homéopathique. Ainsi, la proposer dans certaines maternités constitue une pratique qui interroge.
Allégations basées sur le vécu de certains soignants et patients
Pour ses adeptes, l’homéopathie permet de traiter sans risque certains maux courants durant la grossesse quand de nombreux médicaments sont interdits pour leurs effets indésirables. Cette médecine alternative propose différents traitements pour préparer l’accouchement, soulager la douleur au cours du travail et améliorer le confort et le bien-être de la mère après la naissance de l’enfant.
Pourtant, toutes ces allégations ne possèdent aucun fondement scientifique. Celles-ci ne sont basées que sur le vécu de certains soignants et patients. D’ailleurs, en octobre 2017, le Conseil scientifique des Académies de sciences européennes a conclu que les revendications en faveur de l’homéopathie sont incompatibles avec les concepts scientifiques établis. Des risques pour la santé et la sécurité des patients sont même évoqués.
Pour le Pr Daniel Bontoux, membre de l’Académie de médecine, l’homéopathie pose en plus un questionnement éthique. Comme les médicaments homéopathiques sont juste des placébos, le soignant trompe sciemment ses patientes en leur prescrivant des produits inactifs. En outre, la promotion de l’homéopathie risque de retarder la prise en charge en cas de maladies graves.
Homéopathie en complément des traitements conventionnels
D’après le Dr Christian Bourhis, responsable de la commission Relation Médecins-Industrie, l’Ordre des médecins n’est pas opposé à l’ouverture de consultations d’homéopathie dans les hôpitaux et les maternités dès lors que celles-ci respectent les règles en vigueur. Par ailleurs, l’Ordre des médecins s’estime incompétent pour juger de l’efficacité réelle de cette médecine alternative. Cela incombe aux autorités sanitaires.
Par la voix de sa présidente Anne-Marie Curat, l’Ordre des sages-femmes rappelle également que les sages-femmes sont autorisées depuis 2011 à prendre en charge ce type de consultation et prescrire l’homéopathie à des femmes enceintes. Le remboursement par la Sécurité sociale des traitements homéopathiques constitue une preuve du service médical rendu, toujours selon ses dires.
Pourtant, contrairement aux médicaments classiques, les traitements homéopathiques ne sont pas tenus de fournir des preuves scientifiques de leur efficacité afin d’obtenir une autorisation de vente et d’être remboursés. L’Académie de médecine a dénoncé cette aberration dès 2004. De nombreux médicaments ont été déremboursés pour manque de service rendu tandis que les remboursements des produits homéopathiques sont en hausse chaque année.