Venin de blennie, l’antidouleur du futur
Rédigé par La Rédaction , le 05 April 2017 à 10h43
Photo de Blennie provenant de Wikipedia
Utiliser des venins d’animaux comme médicament n’est pas un concept totalement nouveau. De nombreuses études ont mis en évidence leur énorme potentiel dans le développement de médicaments susceptibles de remplacer la morphine. Une récente étude révèle la découverte de l’antidouleur du futur avec le venin de la blennie.
Un venin paralysant sans provoquer de douleur
De son véritable nom meiacanthus grammistes, la blennie est un petit poisson des récifs coralliens de l’océan Pacifique au comportement craintif et dont la taille ne fait que 4 à 7 centimètres. Son venin intéresse tout particulièrement les scientifiques pour ses propriétés anesthésiantes et analgésiques. Cette découverte est le résultat des travaux des chercheurs australiens de l’Université de Queensland.
La plupart du temps, les morsures d’animaux venimeux occasionnent immédiatement une douleur intense. Dans le cas de la blennie, son venin paralyse son agresseur, mais sans lui infliger la moindre douleur. Une fois mordu, ce dernier devient apathique et n’arrive pas à coordonner ses mouvements, ce qui laisse au meiacanthus tout le temps nécessaire pour échapper à son prédateur.
Une analyse du venin de la blennie a révélé la présence de peptides opioïdes susceptibles de provoquer les mêmes effets que l’héroïne ou la morphine. Ces molécules ont des propriétés antidouleur puissantes pouvant servir à la fabrication de nouveaux médicaments pour lutter contre la douleur. Des tests pratiqués sur des souris ont donné des résultats concluants.
Des venins mortels pour fabriquer des médicaments
Il existe environ 200 000 espèces venimeuses dans le règne animal à l’heure actuelle. Depuis quelques années, l’industrie pharmaceutique s’intéresse de très près à leurs venins pour mieux appréhender leurs modes d’action. Il est désormais possible pour les scientifiques de procéder au séquençage de leurs formules et de percer leur mystère. D’ailleurs, plusieurs médicaments contiennent déjà des venins d’animaux.
Connaître les compositions et séquencer un venin constituent deux étapes primordiales pour mettre au point un médicament efficace et sans risque. Un venin renferme en effet pas moins d’une centaine de molécules et chacune d’elles a une action déterminée sur une cible précise. Ainsi, il reste aux chercheurs à identifier les composants de chaque molécule, leurs quantités et leur ordre d’apparition.
Si des années de recherche sont encore nécessaires, le potentiel des venins est exceptionnel. Les scientifiques sont optimistes quant à la mise au point de médicaments innovants afin de traiter des maladies graves comme le cancer et la sclérose en plaques. Même la Commission européenne a financé des recherches sur le venin de cône.