Homéopathie, inefficacité et privilèges réglementaires

Dans son rapport publié fin septembre, l’EASAC (Conseil Européen de l'Académie des Sciences), regroupant 27 pays, juge invraisemblables les revendications en faveur de l’homéopathie. Son conseil scientifique vient encore de rappeler dans une déclaration l’absence de preuves confirmant son efficacité. L’EASAC dénonce ainsi les privilèges réglementaires historiques accordés à l’homéopathie. 

Un effet placébo mais populaire auprès de la population

Classée parmi les médecines alternatives, l’homéopathie consiste à soigner une maladie avec des substances capables de produire des troubles similaires à ceux déterminés par la maladie elle-même. Ces substances dites médicaments homéopathiques sont obtenues après une série de dilutions et de dynamisations de différents principes actifs d’origine minérale, végétale ou animale. Le but est d’atteindre des doses infinitésimales.

Pour ses fervents défenseurs, l’homéopathie présente l’avantage d’être efficace et dénuée de risques. Par contre, pour ses détracteurs dont l’EASAC, cette efficacité clinique revendiquée par les produits homéopathiques tient uniquement de l’effet placébo. L’action d’un placébo, substance sans la moindre activité pharmacologique, est proportionnelle à la suggestion du thérapeute et l’importance de l’espérance du patient.

L’EASAC remet en question les études qui vantent l’efficacité de l’homéopathie. Une analyse approfondie des résultats fait notamment état de biais de publication, de variations aléatoires ou de mauvaise conception. Malgré tout, l’homéopathie jouit d’une grande popularité auprès des Français. Cela s’explique par l’impossibilité de différencier à l’échelle individuelle l’effet réel de l’effet placébo ou de l’évolution normale d’une pathologie.

Des dérogations injustifiées compte tenu de son inefficacité

Membre des Académies de médecine, de pharmacie et des sciences, le Pr Jean-François Bach estime que l’homéopathie ne doit en aucun cas bénéficier de dérogations. Selon une directive européenne datant de 2001 et une indulgence de la législation française remontant à 1960, les médicaments homéopathiques sont en effet exemptés du dossier d’autorisation de mise sur le marché auquel sont soumis les produits pharmaceutiques.

De plus, les traitements homéopathiques sont remboursés à hauteur de 30% en France. Pour les détracteurs de l’homéopathie, cela constitue juste un gâchis des fonds publics. D’ailleurs, après une consultation de trois mois, le NHS ou National Health Service britannique a décidé son déremboursement et autres traitements considérés peu efficaces au profit des traitements dont l’efficacité est avérée.

L’EASAC redoute également le détournement des patients des traitements efficaces. En Italie, un enfant de 7 ans souffrant d’otite et soigné exclusivement à l’homéopathie a trouvé la mort. En outre, des médicaments homéopathiques contre les douleurs occasionnées par les poussées dentaires sont suspectés par l’Agence américaine du médicament d’avoir tué 10 bébés.