Les médicaments anti-Alzheimer officiellement déremboursés
Rédigé par La Rédaction , le 03 August 2018 à 10h18
Les médicaments contre Alzheimer ne sont plus remboursés.
Le remboursement des traitements anti-Alzheimer coûte plus de 90 millions d’euros par an à l’Assurance maladie. En 2016, la Haute Autorité de Santé a préconisé leur déremboursement pour un intérêt médical insuffisant ne justifiant pas leur prise en charge. Depuis le 1er août, les médicaments contre l’Alzheimer sont officiellement déremboursés.
Des médicaments plus nocifs que bénéfiques d’après les évaluations
A ce jour, l’Alzheimer demeure une maladie incurable. Les traitements disponibles ne servent qu’à ralentir l’aggravation des symptômes. Les médicaments, objets du déremboursement, ont suscité beaucoup d’espoir chez les patients lors de leur mise sur le marché en 1997. Toutefois, des doutes sur leur efficacité ont rapidement émergé.
Après réexamen du rapport bénéfice-risque en 2011, il est apparu que leurs effets ne sont que modestes. Depuis, leur taux de remboursement a été revu à la baisse, de 65 à 15%. Seuls les patients en affection longue durée sont pris en charge à 100%. Une autre évaluation quelques années plus tard a conclu que ces médicaments sont plus nocifs que bénéfiques pour la santé des malades.
Les experts de la HAS ont relevé des risques d’effets secondaires inhérents aux médicaments, mais également liés aux interactions avec d’autres traitements pris par les patients. Parmi ces effets indésirables figurent les troubles neuropsychiatriques, cardiovasculaires et digestifs. Ce qui a poussé Agnès Buzyn, ministre de la Santé, à les dérembourser. Un nouveau protocole de soins est en vigueur.
Une décision critiquée par les médecins et les associations de malades
Pour certains professionnels de santé, le déremboursement des médicaments anti-Alzheimer est une erreur. Malgré un bénéfice faible, celui-ci existe d’après le Dr Olivier de Ladoucette, gériatre et psychiatre à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Selon Serge Bakchine, professeur de neurologie au CHU de Reims, la dangerosité invoquée ne repose que sur des analyses et des interprétations de la littérature scientifique.
Pour les associations de malades, le déremboursement des traitements contre l’Alzheimer est également une décision injustifiée. A l’heure actuelle, il n’existe pas d’alternative médicale à ces médicaments. Benoit Durand, directeur général de l’association France Alzheimer, craint ainsi que les patients les plus démunis rompent leur suivi médical. Il estime que cette mesure est uniquement motivée par des raisons économiques.
Agnès Buzyn tient néanmoins à rassurer les différentes parties. Les économies réalisées vont être réinvesties dans des soins multidisciplinaires visant à accompagner les patients vers plus d’autonomie. Pour la HAS, la priorité doit désormais être orientée vers le soutien des aidants familiaux et les prises en charge non médicamenteuses comme l’orthophonie et la stimulation cognitive.