Médicaments : Haro sur la vente à l'unité
Rédigé par Alexis Van Wittenberghe , le 03 April 2014 à 11h30
La vente de médicaments à l'unité adaptée exactement à la prescription est testée dans plusieurs régions depuis mardi. Sa mise en oeuvre semble toutefois ne pas faire l'unanimité. Pourtant, un rapide calcul chiffre en milliards d'euros les économies possibles.
Développé depuis près de 25 ans en Grande-Bretagne, aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande, la vente de médicament à l’unité fait débat en France. Prévu initialement pour rééquilibrer les comptes de la Sécurité Sociale, les syndicats de pharmaciens pointent du doigt un certains nombres de disfonctionnements et de risques dans la mise en place d’un tel mode de distribution en France.
Le remboursement des médicaments a coûté près de 22.6 milliards d’euros à la Sécurité sociale en 2012, or la moitié des médicaments sont gaspillés. Partant de ce constat et dans la droite ligne des efforts financiers engagés par le gouvernement pour rétablir les comptes, la ministre de la Santé Marisol Touraine avait annoncé en septembre dernier que dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale 2014, la vente de médicaments à l’unité serait mise à l’essai. L’objectif était clair, il faut diminuer de manière drastique la consommation de médicaments par les français, pour leur santé et celle de la Sécu. L‘expérimentation de la vente de médicaments à l’unité a donc démarré ce mardi 01 avril dans 78 officines en Lorraine, en PACA et dans le Limousin.
L’observance - le fait de suivre une prescription médicale - semble souffrir d’un désengagement de la part des français. L’écart entre prescription et conditionnement n’encourage pas non plus à mieux contrôler la prise de médicaments. De ce fait, près d’un kilo et demi de médicaments en tout genre se terrerait dans les armoires à pharmacie de chaque français, sans jamais être utilisé (car jeté une fois périmé).
L’expérimentation durera 3 ans durant lesquels les pharmaciens volontaires devront adapter la quantité de médicaments à distribuer en fonction des besoins du patient. Au total, ce sont 14 molécules, dont les antibiotiques céfoiam, amoxicilline ou encore la lévoflaxacine, qui ont été désignées pour être distribués de cette manière. Ce premier point a attisé la colère de l’Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officines (UPSO) et de son président Gilles Bonnefond qui a appelé les pharmaciens à ne pas se porter volontaires. En effet, ce dernier estime que les conditions de rémunération et d’affectation ne correspondent pas aux attentes de la profession et préfère reporter à plus tard cette période d’essai.