Un médicament miracle pour régénérer les muscles
Rédigé par Clémentine Billé , le 02 May 2014 à 14h30
La perte musculaire est la deuxième raison, après l'Alzheimer, de l'entrée des personnes âgées en maison de retraite
Les entreprises pharmaceutiques sont en concurrence pour mettre au point un médicament contre l’atrophie musculaire. Elles envisagent d’élargir ce traitement à plusieurs maladies, et de le transformer en remède miracle. Une seule crainte : l’utilisation abusive, notamment par les athlètes.
Depuis 1997, les entreprises pharmaceutiques s’arrachent la technique qui a donné naissance à la « super-souris ». Une super-souris ? Se-Jin Lee, professeur en génétique et en biologie moléculaire de l’Université John Hopkins aux États-Unis, a réussi à modifier génétiquement un rongeur pour qu’il ait deux fois plus de muscles. Les producteurs de médicaments veulent adapter cette avancée pour créer un remède, qui luttera contre la perte progressive de la masse musculaire en raison d’une maladie.
Lutter contre l’atrophie musculaire
« Je suis très optimiste quant à l'arrivée de ces nouveaux traitements », se réjouit Se-Jin Lee, qui suit de loin les études en cours. Le médicament le plus avancé serait créé par Novartis, en collaboration avec MorphoSys, selon le Wall Street Journal. Alors que le premier traitement doit être approuvé en 2016, Sanofi, Atara Biotherapeutics et bien d’autres sont encore en course.
Ces entreprises s’attaquent au blocage de la myostatine, qui provoque soit l’atrophie, soit l’hypertrophie (le fait de n’avoir pas assez ou trop de muscles) musculaire. Cette protéine est un régulateur de croissance qui doit permettre l’activation des cellules squelettiques (cellules au sein des principaux muscles du corps) et entraînent l’autorégénérescence du muscle, par exemple lorsqu’il se déchire.
Les entreprises pharmaceutiques espèrent par la même occasion permettre à des personnes âgées de marcher à nouveau. En effet, l’atrophie musculaire est le deuxième motif, après l’Alzheimer, de l’entrée des seniors en maison de retraite. Le problème reste que la simple perte de muscles « est considérée comme un processus inévitable du vieillissement et non comme une maladie. »
Un médicament, plusieurs maladies
« Si vous cherchiez le médicament parfait pour régénérer le muscle, il est difficile de trouver mieux qu'un médicament bloquant la myostatine », explique Nathan LeBraseur, professeur à la Mayo Clinic de Rochester aux États-Unis. Il estime ainsi que « l'enthousiasme autour de la myostatine est tout à fait normal ».
Le médicament est testé sur des individus atteints de maladies diverses. La cachexie, qui provoque une diminution de l’état général de la personne, suite à une dénutrition de l’organisme en fait partie. Le Wall Street Journal stipule que cette pathologie serait à l’origine d’un tiers des décès par cancer. Certains chercheurs veulent également traiter l’obésité et le diabète de type 2 via ce médicament miracle. « Aucun médicament sur le marché aujourd'hui ne vise à augmenter le tissu musculaire des diabétiques », déplore le Dr LeBrasseur. Les scientifiques espèrent ainsi que le sucre sera stocké dans les muscles, et non plus dans le foie ou le pancréas.
Les industriels restent prudents malgré tout cet enthousiasme. Ils craignent l’utilisation abusive de ce médicament par des individus qui n’en ont absolument pas besoin, comme les athlètes, les culturistes ou ceux qui rêvent d’un remède anti-vieillesse.