2017, pénurie record de médicaments vitaux en France
Rédigé par La Rédaction , le 02 March 2018 à 14h41
2017 : année record pour la pénurie de médicaments vitaux en France.
Une pénurie de médicaments oblige les patients à interrompre leur traitement. En France, des centaines de médicaments qualifiés de vitaux ont été en rupture d’approvisionnement en 2017. Il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau. L’année dernière, plus de 500 médicaments ont été concernés, soit 30% de plus qu’en 2016.
Une situation jugée inquiétante par l’Agence du médicament
Un médicament est en rupture d’approvisionnement dès lors qu’une pharmacie d’hôpital ou de ville n’est pas en mesure de le délivrer à un malade dans un délai maximal de 72 heures. Cette situation est un phénomène structurel provoquée essentiellement par des difficultés de production. Lorsque cette pénurie touche les MITM ou médicaments d’intérêt thérapeutique majeur, elle peut mettre en jeu le pronostic vital des patients.
Plusieurs facteurs sont mis en cause. Une rupture de stock de médicaments est généralement imputée à des problèmes liés à la production tels que l’insuffisance des matières premières et un défaut de qualité. Elle survient aussi suite à un arrêt de commercialisation ou un problème logistique occasionnant un blocage de la chaine de distribution.
La délocalisation de la production est également à l’origine de l’amplification du phénomène. Jusqu’à 80% des matières premières sont désormais produites hors des frontières de l’Union Européenne. En 1990, ce taux n’atteignait même pas les 30%. Le moindre aléa informatique, de transport ou encore politique est susceptible d’affecter la fabrication et la distribution d’un médicament.
Des pénuries spéculatives et de nouvelles stratégies industrielles
Après s’être stabilisé entre 2013 et 2016, le problème de rupture de stock de médicaments a atteint un niveau record dans l’Hexagone l’année dernière. La pénurie touche principalement les anticancéreux et les anti-infectieux comme les vaccins et les médicaments pour le système nerveux. En 2015, un rapport d’activité de l’Agence du médicament a dénoncé ce problème et jugé la situation d’alarmante.
Pour de nombreux médecins, ces pénuries à répétition sont spéculatives. Par exemple, certains médicaments pour le traitement des cancers disparaissent subitement des pharmacies. Puis, ils réapparaissent mais coûtent jusqu’à trente fois plus cher. Ces médecins préconisent que l’Etat favorise la production de génériques à un prix raisonnable pour remédier à ce problème.
Pour l’Agence du médicament, les nouvelles stratégies industrielles des laboratoires en sont la cause. La rationalisation des coûts de production les contraint à fabriquer les médicaments en flux tendu. Des mesures supplémentaires doivent ainsi être prises pour limiter les pénuries. Le problème persiste même si les laboratoires sont tenus d’informer l’ANSM en cas de risque de pénurie et proposer des alternatives.