Maladie d’Alzheimer, déremboursement de certains médicaments
Rédigé par La Rédaction , le 31 May 2018 à 11h12
Vers un déremboursement de certains médicaments utilisés contre la maladie d'Alzheimer.
La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative caractérisée par une détérioration progressive des capacités intellectuelles et de la mémoire. En 2016, la Haute autorité de santé a préconisé le déremboursement de certains médicaments pour insuffisance d’intérêt médical. Agnès Buzyn, ministre de la Santé, a annoncé vouloir suivre cette recommandation.
Entre manque d’efficacité et risque de survenue d’effets indésirables
La HAS a évoqué deux principaux motifs pour justifier sa recommandation. Le premier porte sur le service médical rendu de ces médicaments. Celui-ci est jugé insuffisant compte tenu des nouvelles données disponibles. Ces médicaments conçus pour le traitement symptomatique de la maladie d’Alzheimer n’ont qu’une efficacité modeste, établie sur des études non pertinentes sur le plan clinique et non transposables en vie réelle.
Le deuxième concerne la sécurité des malades. Le risque de survenue d’effets indésirables est élevé après analyse des données collectées depuis la mise sur le marché de ces médicaments. Potentiellement graves, ils sont susceptibles d’affecter la qualité de vie des patients. Parmi les effets indésirables fréquemment rapportés figurent les troubles digestifs, neuropsychiatriques et cardiovasculaires.
Pourtant la ministre de la Santé, avait, il y a quelques mois, refusé d’opter pour un déremboursement de ces médicaments. Pour cause, il n’existait pas de protocole de soin alternatif. Ce qui est désormais chose faite avec le « Guide parcours de soins des patients présentant un trouble neurocognitif associé à la maladie d’Alzheimer ou à une maladie apparentée ».
Une décision contestée aussi bien par les médecins que par les familles
Ce guide publié par la HAS est accompagné de nombreuses fiches. L’objectif principal est de mettre en avant les soins et les aides visant à compenser le handicap provoqué par la maladie d’Alzheimer et autres maladies neurodégénératives. Traitements non médicamenteux, ils font appel à des thérapies psycho-comportementales et réadaptatives. Pour autant, cette décision ne passe pas auprès des médecins et des familles qui estime qu’une thérapie comportementale, aussi efficace soit-elle pour améliorer la qualité de vie, n’agit pas de la même manière qu’un traitement médicamenteux, destiné à lutter directement contre la maladie.
Patrick Errard, président de la Fédération des entreprises du médicament, le Leem, estime que cette décision d’Agnès Buzyn est une décision à l’emporte-pièce. Il est inconcevable de retirer un remboursement faible sans maitriser la suite. Pour sa part, Florence Pasquier, professeur de neurologie et responsable du CMRR de Lille, s’inquiète des patients qui n’ont pas les moyens de se payer leurs médicaments.
D’ailleurs, l’association Alzheimer & maladies apparentées a publié un communiqué jugeant infondée et dangereuse cette décision de la ministre de la Santé. Le déremboursement de ces médicaments, qui ne coutent au final que 30 euros par mois, signifie purement et simplement une sortie dangereuse du parcours de soins pour les familles défavorisées.