Les stéthoscopes seraient plus porteurs de bactéries que les mains
Rédigé par Alexis Van Wittenberghe , le 28 February 2014 à 16h30
Chaque médecin possède son stéthoscope fétiche
Une étude menée dans les hôpitaux de Genève tend à désigner le stéthoscope comme un facteur potentiellement important dans la transmission des bactéries.
Une nouvelle étude tend à démontrer que les stéthoscopes des médecins hospitaliers seraient contaminés par des bactéries facilement transmissibles d’un patient à un autre, dont le Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM), un staphylocoque doré potentiellement mortel et résistant aux antibiotiques comme la pénicilline. L’étude est publiée dans le numéro de Mars de la revue Mayo Clinic Proceedings.
Des bactéries qui s'installent partout
En partant du constat que les stéthoscopes étaient utilisés de façon répétée au cours d’une journée, des chercheurs des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG, un des principaux centres hospitaliers de Suisse) se sont intéressés de près à cet instrument qui fait partie de l’apanage du médecin afin de savoir à quel niveau celui-ci participait à la transmission des bactéries. Pour ce faire, ils ont relevé le nombre de bactéries présentes sur le bout des doigts, la paume et le dos de la main de trois médecins qui venaient d’ausculter près de 70 patients et celles se trouvant sur les stéthoscopes (notamment sur le diaphragme et le tube) utilisés durant les examens.
Le fait de trouver des bactéries sur les stéthoscopes « n’est pas une surprise » en soit, explique le docteur Didier Pittet, directeur du Programme de Prévention des Infections du HUG, à l’origine de cette étude. Pour autant, les scientifiques ont relevé que le diaphragme du stéthoscope était plus contaminé que toutes les régions de la main du médecin à l’exception de l’extrémité des doigts. De même, le tube de l’instrument se trouvait toujours plus infecté que le dos de la main du praticien.
Des résultats similaires ont été relevés lors des tests spécifiquement orientés sur le SARM. À ce titre, les auteurs de l’étude reconnaissent que l’échantillon sélectionné était faible et donc qu’elle ne s’appliquait pas forcément à tous les centres hospitaliers. Par ailleurs, leur méthode de comptage ne permet pas de distinguer les bactéries nocives de celles inoffensives pour le malade.
Pas de solution miracle
« Du point de vue de la sécurité des patients et du contrôle des infections, le stéthoscope doit être considéré comme une extension des mains du médecin et être désinfecté après chaque contact avec un patient » explique le chercheur. « Il n’y a pas de solution miracle. Il serait peut-être temps d’avoir un stéthoscope par patient, aux moins pour les unités de soins intensifs, mais ce ne serait pas pratique dans un grand hôpital avec de nombreux patient. C’est gênant parce que nous n’avons pas de lignes directrices » à suivre a-t-il ajouté.
Une première étape selon le docteur Pittet, serait que les médecins nettoient leur stéthoscope avec de l’alcool à la fin de chaque auscultation, mais là encore, il semblerait qu’il y ait du chemin à faire.