Dengue, tester les patients avant de les vacciner
Rédigé par La Rédaction , le 27 April 2018 à 10h08
La dengue se transmet par piqûre de moustique.
Maladie d’origine virale, la dengue touche principalement les régions intertropicales. Aucun traitement antiviral spécifique n’est disponible pour la soigner. Par contre, Sanofi Pasteur a récemment réussi à mettre au point un vaccin. Après plusieurs études, il s’avère que celui-ci aggrave la maladie dans certains cas et constitue un danger.
Un risque d’exacerbation déjà connu des spécialistes
Chaque année, la dengue affecte quelques centaines de millions de personnes et fait au moins 20 000 victimes dans le monde. A ce titre, le vaccin développé par Sanofi Pasteur, Dengvaxia, a suscité beaucoup d’espoir. En 2016, les Philippines ont lancé une campagne de vaccination d’envergure avec comme objectif de prévenir jusqu’à huit cas sur dix d’hospitalisations liées à cette infection potentiellement mortelle.
Fin 2017, le pays a ordonné l’arrêt de la vente de ce vaccin. Pour cause, le laboratoire français a annoncé que le Dengvaxia augmente le risque d’aggravation de la maladie chez les personnes n’ayant pas été en contact avec le virus. Une analyse à long terme a révélé d’importants écarts de performance par rapport aux individus ayant été exposés auparavant.
Pourtant, les spécialistes de la dengue ont averti Sanofi Pasteur de ce risque d’exacerbation en 2016. Les essais cliniques de phase III ont montré des résultats similaires. Ce qui a poussé les experts français siégeant au Haut Conseil à la Santé Publique à interdire l’utilisation du vaccin en Martinique, Guyane et Guadeloupe.
Une protection efficace chez les personnes déjà infectées
Selon Henrik Salje, chercheur au sein de l’Unité de modélisation mathématique des maladies infectieuses à l’Institut Pasteur de Paris, ce risque d’exacerbation est proche des effets d’une seconde exposition au virus, mais à une autre souche. Cela accroit significativement le risque de complications graves et de décès. Une première infection procure au malade une protection à vie uniquement contre la souche l’ayant infecté.
De la même manière, la vaccination d’une personne n’ayant pas été exposée à l’un des quatre sérotypes de la dengue est assimilée à une première infection. Si l’organisme produit bien des anticorps, ces derniers sont totalement inefficaces lors d’une infection naturelle. Au contraire, ils favorisent la prolifération du virus et la survenue d’une forme sévère de la maladie.
Tenant compte de ces arguments, l’Organisation Mondiale de la Santé recommande désormais de n’utiliser le Dengvaxia que chez les individus ayant déjà contracté la dengue. Ainsi, avant de les vacciner, un test sanguin est nécessaire pour détecter une première infection. Le problème est que les résultats des tests actuels ne sont pas disponibles rapidement.