Autisme : un excès de synapses qui pourrait être réversible
Rédigé par Marie Penavayre , le 26 August 2014 à 11h49
C’est une découverte importante qui pourrait ouvrir la voie à de nouveaux traitements contre l’autisme. D’après une étude de l’Université Columbia, ce trouble serait dû à une surabondance de synapses, les points de jonctions entre les neurones...
Un mécanisme naturel d’élagage
Les chercheurs ont analysé le cortex cérébral (la substance grise du cerveau) de 48 jeunes âgés entre 2 et 20 ans, juste après leur décès. Parmi eux, 26 étaient atteints d’autisme. D’après l’analyse, ces derniers présentaient une surabondance de synapses, les points de jonctions entre les neurones qui leur permettent de communiquer entre eux.
Notre cerveau comprend des milliards de neurones, qui établissent chacun environ 10 000 contacts avec d’autres partenaires ; ce qui fait, au total, environ un million de milliards de connexions synaptiques. La formation de ces connexions commence bien avant la naissance et continue pendant les deux premières années de vie. Pendant l’enfance et l’adolescence se produit une élimination des synapses en excès, pour permettre une optimisation des circuits neuronaux.
Un mécanisme enrayé chez les personnes autistes
Les chercheurs ont constaté qu’en moyenne, un jeune de 19 ans non autiste présentait 41% de synapses en moins qu’un enfant de deux ans. Or, chez un jeune de 19 ans atteint d'autisme, il ne s’agissait que de 16% de connexions en moins. Les chercheurs en ont conclu qu’il existait, chez les jeunes autistes, un dysfonctionnement de ce mécanisme d'élimination, qui conduit à un excès de synapses. D’après les chercheurs, cet excès d’information serait à l’origine des symptômes typiques de l’autisme comme l’hypersensibilité.
La rapamycine : une piste thérapeutique prometteuse
Les chercheurs sont d’ores et déjà parvenus à rétablir le mécanisme d’élagage des synapses chez des souris présentant un autisme induit : en les traitant avec un anti-proliférant, la rapamycine, certains symptômes de l’autisme comme le fait d’éviter le contact avec les autres ont disparu.
Prochaine étape : l’essai clinique
De récentes études ont contribué à mieux comprendre les mécanismes biologiques associés à l’autisme : mise en évidence de régions cérébrales associées à des troubles de la communication, identification de nombreux gènes dont l’altération est liée à une plus grande susceptibilité à l’autisme… Des avancées qui laissent entrevoir de nouvelles stratégies thérapeutiques, et qui pourraient bien être confirmées lors des essais cliniques.