Des anticorps contre la Dengue pour neutraliser le Zika

L’Organisation mondiale de la santé a décrété en février 2016 que le virus Zika constitue une urgence de santé publique de portée mondiale. A l’époque, les épidémies d’infections au Zika en Amérique du Sud ont coïncidé avec l’augmentation des cas de microcéphalies, lien vérifié scientifiquement quelques mois plus tard. 

Des anticorps puissants se fixant au niveau de la protéine E

Ces anticorps capables de neutraliser à la fois la Dengue et le Zika ont été découverts par des chercheurs du laboratoire de virologie structurale de l’Institut Pasteur, dirigés par Félix Rey. Produits par un organisme infecté par la Dengue, ils sont efficaces contre les quatre souches du virus et le Zika. Ils se fixent sur un endroit précis d’un dimère E qui présente un risque de mutation faible.

Ce site de fixation des anticorps EDE1C8 et EDE1A11 sur la protéine E, composante principale de l’enveloppe des virus, est le même pour la Dengue et le Zika. Les deux appartiennent tous à la famille des Flaviviridae. Durant l’étude, les scientifiques ont constaté qu’ils ont empêché le Zika d’infecter les cellules avec lesquelles il était en contact.

Pour les chercheurs, cette découverte est d’une importance capitale dans les recherches d’un vaccin universel contre la Dengue et le Zika. Les deux virus ayant plusieurs points communs, ils projettent de créer un type de vaccin, différent d’un vaccin classique, poussant l’organisme à ne produire que ces puissants anticorps.

Des risques de réactions croisées en cas de seconde infection

Mettre au point ce nouveau type de vaccin constitue aussi un impératif pour les scientifiques. Il permettrait de prévenir les éventuels risques de réactions croisées en cas de seconde infection. Si ces anticorps réagissent efficacement contre la Dengue et le Zika en culture, il arrive aussi qu’ils les boostent au lieu de les détruire. Ces virus dupent ainsi le système immunitaire pour mieux infecter l’organisme.

D’après Félix Rey, une deuxième étude réalisée en collaboration avec l’Imperial College of London a permis de mettre en évidence qu’en cas d’infection au Zika, les anticorps produits par l’organisme lors d’une infection à la Dengue aggravent les symptômes. Cela se présente souvent quand deux virus ou deux sérotypes d’un même virus sont très semblables.

Autrement dit, une immunité première acquise contre la Dengue rend l’organisme sensible au Zika ou à une deuxième infection à cette fièvre hémorragique. Selon Félix Rey, ceci pourrait expliquer les cas de microcéphalie. Il est possible que les anticorps contre la Dengue donnent au Zika la faculté de traverser le placenta et d’infecter le fœtus.