Syphilis : la crainte d’une nouvelle épidémie
Rédigé par Céline Le Goff , le 24 June 2014 à 16h15
Un groupe interassociatif a donné l’alerte sur la possibilité d’une épidémie de syphilis due à l’arrêt de la commercialisation d’un traitement par la société Sanofi-Aventis. Le nombre de cas est en recrudescence depuis le début des années 2000.
Arrêt de la commercialisation du traitement le plus efficace contre la syphilis
Le groupe interassociatif TRT-5 créé en 1992 et composé de 8 associations pour la lutte contre le sida est sorti de son domaine ce lundi 23 juin puisqu’il a protesté contre l’arrêt de la commercialisation d’Extencilline, un traitement antibiotique contre la syphilis injectable, d’accès simple et pouvant être combiné avec un anesthésiant pour limiter la douleur. Cet antibiotique était en effet accessible en pharmacie de ville et était très bien toléré, ainsi que très efficace.
Les membres de TRT-5 s’inquiètent des conséquences de l’arrêt de commercialisation. L’arrêt avait été annoncé en septembre 2013 par Sanofi et a été effectif en février dernier. La raison donnée par la société pharmaceutique consiste en la survenance de problèmes sur la chaîne de production ayant entrainé des risques de rupture de stock.
La substitution d’un autre antibiotique accessible seulement en hôpital
L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) a indiqué l’existence d’un autre antibiotique produit par un laboratoire italien contenant le même principe actif (Sigmacillina) mais seulement disponible en hôpital à cause d’une absence d’autorisation de mise sur le marché. De plus, ce traitement ne peut pas être administré avec un anesthésiant.
Le groupe craint que cette substitution de médicaments dissuade certains malades de se soigner. Ils ont exprimé leur désaccord « nous nous élevons contre le fait qu'un système de soin simple et efficace de la syphilis laisse place à un dispositif complexe risquant d'éloigner les personnes infectées du dépistage et du soin, et ainsi d'alimenter une épidémie croissante ». En effet, il est moins pratique pour les patients de se rendre à l’hôpital au lieu d’une simple visite chez le médecin local, d’autant plus qu’il est nécessaire dans certains cas de réaliser trois injections à une semaine d’intervalle.
Les conséquences peuvent être graves, avec une perte de suivi de certains patients et un arrêt des soins. Le groupe interassiociatif parle d’un risque croissant d’épidémie. Le nombre de cas de syphilis augmente fortement ces dernières années en France avec plus de 850 nouveaux cas en 2012. Le groupe exige qu’une solution soit trouvée rapidement par l’ANSM.