Du nouveau pour les pays touchés par Ebola
Rédigé par Charlotte Canonne , le 23 March 2015 à 11h19
Plus d’un an après le début de la forte épidémie d’Ebola, le virus revient au cœur des discussions. Et pour cause, le Libéria voit apparaître un nouveau cas après un mois de décru, le Sierra Leone subit trois jours de confinement. Face à ce nouveau tournant du virus, Médecins sans Frontières affiche sa colère et met en cause l’OMS et son agissement international tardif.
Plus de 10 000 morts à cause d’Ebola
Ebola est au centre de toutes les inquiétudes dans les pays du continent africain. Avec un nouveau cas au Libéria où le virus était pratiquement éradiqué depuis un mois et un confinement de trois jours au Sierra Leone pour endiguer la maladie, Médecins sans Frontières lance une charge contre l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Depuis l’apparition de la maladie en décembre 2013, environ 10 200 personnes sont décédées sur plus de 24 700 cas et neuf pays au total ont été touchés. Les trois principaux pays sont le Libéria, le Sierra Leone et la Guinée. Cela fait d’Ebola, l’épidémie la plus grave depuis l’identification du virus en Afrique Centrale en 1976.
La directrice de l’OMS, Margaret Chan, qui s’est félicité mercredi 18 mars de l’absence de nouveau cas depuis février au Libéria a vite caché sa joie. Le pays, qui était en bonne voie pour vaincre totalement la maladie a annoncé qu’une femme venait d’être testée positif au virus après 27 jours sans nouvelle déclaration de cas.
Trois jours de confinement en Sierra Leone
C’est samedi 21 mars que le président de la Sierra Leone a annoncé dans un message à la nation, que les 6 millions d’habitants du pays devraient tous rester confinés chez eux du 27 au 29 mars. Cette mesure exceptionnelle devrait permettre d’endiguer définitivement l’épidémie. « Tous les Sierra-Léonais devront rester à la maison pendant trois jours. Cette campagne sera l'occasion pour les communautés de participer directement à la lutte pour obtenir zéro cas [d'Ebola] et de réfléchir et de prier pour l'éradication de cette maladie dans notre pays » a déclaré le président Ernest Koroma.
Durant ces trois jours, toute activité commerciale sera interdite. Cette mesure de confinement, qui avait déjà été imposée en septembre dernier devrait permettre aux autorités de découvrir des cas non signalés ou non enregistrés. Le pays est celui qui compte le plus grand nombre de cas et de décès. En un an, 12 000 personnes ont été touchées dans le pays et 3 700 sont décédées.
Médecins sans Frontière accuse l’OMS
Ce lundi 23 mars, Médecins sans Frontières exprime sa colère et lance une charge envers l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour avoir ignoré les appels à l’aide des pays touchés et pour avoir réagi trop tardivement face à l’épidémie.
Médecins sans Frontières, qui a déployé près de 1 300 volontaires internationaux et 4 000 employés locaux pour venir en aide aux malades d’Ebola a alarmé très tôt le monde sur l’importance de l’épidémie. Dès mars 2014, MSF avait jugé le virus « d’épidémie sans précédent ». Alors, pourquoi l’OMS a-t-elle décrété « une urgence de santé publique mondiale » le 8 août 2014 seulement ? C’est la question que se pose l’OMS, qui affirme avec amertume qu’ « À ce moment-là, plus d’un millier de personnes étaient déjà mortes. Qu’est-ce qui a finalement déclenché ce passage à un mode de réponse d’urgence ? »
L’OMS n’a déployé qu’en juillet, un centre régional d’opération à Conakry (Guinée) pour superviser le soutien technique aux pays touchés par l’épidémie. « Au lieu de limiter son rôle à fournir un soutien consultatif aux autorités nationales pendant des mois, l'OMS aurait dû reconnaître beaucoup plus tôt que cette épidémie nécessitait un déploiement plus adapté », dénonce MSF.
Ce qui révolte l’organisation non gouvernementale, c’est que la donne a changé lorsque des Occidentaux se sont vus touchés par la maladie. « Quand Ebola est devenue une menace pour la sécurité internationale et plus une crise humanitaire touchant une poignée de pays pauvres en Afrique de l'Ouest, finalement le monde a commencé à se réveiller », s’indigne Mme Joanne Liu, présidente internationale de MSF.
Après une nette décrue depuis plusieurs mois, le nouveau cas de malade au Libéria inquiète et rappelle que la maladie, n’est jamais très loin.
