Des moustiques transgéniques pour lutter contre l'infection Dengue
Rédigé par Emmylou Drys , le 21 April 2014 à 08h30
Le moustique pourrait devenir le premier animal transgénique dans la nature. Le Brésil prend l’initiative de lâcher des millions de moustiques « Aedes aegypti » OGM stériles, pour endiguer l’infection.
Chaleur est souvent synonyme avec bourdonnement incessant du moustique qui tourne autour de vos oreilles. Pour autant, on peut se considérer chanceux car nos moustiques à nous ne sont pas (ou très rarement) porteurs d’un virus. Les habitants des régions tropicales et subtropicales eux en savent quelque chose. L’une de ces redoutables infections auxquelles ils sont exposés est la Dengue. Elle provoque fièvre, douleurs musculaires, maux de tête et peut dans certains cas entraîner la mort. A ce jour, aucun traitement n’existe pour prévenir ou soigner cette infection, et la pandémie progresse rapidement : près d’un demi-million de personnes touchées au Brésil.
Des équipes de chercheurs ont mis au point un moustique mâle transgénique stérile, qui au moment de la reproduction avec la femelle, empêche le bébé moustique d’atteindre l’âge adulte. A terme, c’est toute la population des moustiques « Aedes aegypti » qui serait anéantie, ce qui permettrait d’exterminer totalement la Dengue, transmise par la piqûre de l’insecte.
Une expérience à grande échelle…
Suite à une expérimentation concluante dans la ville de Bahia qui a permis de réduire la population de moustiques vecteurs de 90%, le Brésil fait figure de pionnier en disséminant dans l’environnement à grande échelle ces moustiques nouvelle génération. Les insectes transgéniques, uniquement mâles, vont être introduits en quantité deux fois supérieures aux moustiques sauvages pour favoriser la procréation et donc faire en sorte que les naissant ne puissent plus transmettre le virus.
… Qui provoque des controverses
Bien que la CTNbio (Commission technique nationale de biosécurité) ait autorisé le lâché de moustiques dans la nature ce 10 avril dernier, les détracteurs se font entendre. L’association GeneWatch explique dans un communiqué qu’ "Il n'existe aucun test de toxicité public qui prouve qu'être piqué ou avaler un moustique génétiquement modifié est sans danger pour les humains, les animaux domestiques ou sauvages". Alors même si la fièvre Dengue peut être éradiquée, il est possible que les hommes s’exposent à d’autres dangers, d’où la nécessité de ces tests.
L’agence sanitaire du Brésil elle, craint que l’extermination de cette race de moustique ne fasse que favoriser le développement d’une autre, notamment le moustique « Aedes Albopictus » (ou moustique-tigre), également porteur de la Dengue et de l’infection du chikungunya.
On peut également déplorer le fait qu’aucune autre étude comparable n’ait été encore publiée à ce jour pour confirmer ou au contraire infirmer les résultats de ce qu’on peut tout de même qualifier d’avancée et d’espoir pour réduire ce virus à néant.