Antibiorésistance, une menace pour la santé humaine
Rédigé par La Rédaction , le 21 January 2019 à 11h46
L'antibiorésistance représente un problème majeur pour la santé publique.
L’antibiorésistance est un phénomène naturel, mais largement amplifié par les agissements de l’Homme qui abuse des antimicrobiens. Cette résistance aux antibiotiques constitue une réelle menace pour la santé humaine sur le long terme. Le processus d’acquisition de cette résistance reste à déterminer. Les avis des scientifiques divergent sur le sujet.
Des bactéries déjà résistantes à leur sortie des intestins
Découvertes au début du 20ème siècle, les antibiotiques ont permis de lutter contre les maladies infectieuses telles que la tuberculose, la pneumonie ou les méningites. Leur efficacité avérée a sauvé plusieurs millions de vies, mais a aussi conduit à des utilisations inadaptées et abusives à l’origine de l’antibiorésistance. Les infections courantes et les petites blessures risquent fort de reprovoquer des infections graves voir mortelles.
D’après une étude suédoise publiée dans la revue Nature Communications, les bactéries sont déjà résistantes lorsqu’elles sortent des intestins. Afin d’appuyer leurs conclusions, les auteurs révèlent que la quantité des bactéries antibiorésistantes est reliée à la présence du crAssphage. Ce bactériophage n’est présent que dans les excréments d’origine humaine. De même, celui-ci se développe uniquement dans les intestins.
Par ailleurs, les résultats de leurs travaux montrent que les autres gènes de résistance décelés ont un lien direct avec ceux identifiés chez l’être humain. Le seul cas où les bactéries arrivent à développer leurs propres gènes de résistance dans l’environnement est quand elles entrent en contact avec les eaux usées issues des usines de fabrication d’antibiotiques.
Des résultats contradictoires avec ceux d’une autre étude
Une autre étude réalisée par une équipe de chercheurs de l’EAWAG ou Institut fédéral suisse des sciences et technologies de l’eau va à l’encontre des résultats de cette étude suédoise. Les auteurs ont observé une augmentation significative du phénomène d’antibiorésistance après le passage des eaux usées dans les stations d’épuration. Ils mettent en cause les traitements avec les boues activées.
Selon cette étude helvète, 70 % des gènes de résistance présents à l’entrée des eaux usées en station d’épuration sont bien éliminés par les traitements mis en œuvre. Par contre, une partie d’entre eux est remplacée. Les chercheurs en ont déduit que les gènes de résistance détectés en sortie sont probablement issus des traitements d’épuration.
Afin d’étayer leur thèse, ils affirment que les bactéries utilisées en traitement biologique et les germes pathogènes présentent parfois les mêmes gènes de résistance. L’acquisition se fait par échanges de gènes entre bactéries voisines. Pour l’heure, aucune des deux explications ne fait l’unanimité auprès de la communauté scientifique. Toutefois, tous s’accordent sur la nécessité d’encadrer l’usage des antibiotiques.