Sclérose en plaque et Simvastatine, la phase 2 validée avec succès
Rédigé par Alexis Van Wittenberghe , le 20 March 2014 à 18h00
La sclérose en plaques s'attaque aux gaines de myéline censé protéger le système nerveux.
La simvastatine, c’est le nom de la molécule qui offre de grands espoirs aux scientifiques qui cherchent toujours un traitement contre la Sclérose en Plaques. Elle est entre autre connue pour son usage contre certaines formes de maladies cardio-vasculaires.
Une maladie incurable
La sclérose en Plaques (SEP), maladie incurable qui touche entre 65000 et 90000 personnes en France, aurait peut-être trouvé un adversaire dans la famille des statines (une famille de molécules efficace contre le cholestérol). C’est tout du moins ce que tend à prouver une étude scientifique menée par le professeur Richard Nicholas et son équipe de l’Imperial College situé à Londres. Les chercheurs se sont principalement intéressés à la forme progressive secondaire de la maladie qui alterne rechutes et rémissions sans pour autant cesser d’évoluer. Après deux ans et demi de recherches, suivant 140 patients âgés de 18 et 65 ans et atteints de SEP, les chercheurs ont enfin publié leurs résultats dans la revue médicale The Lancet.
Cette maladie neurologique dite auto-immune (qui résulte d’une hyperactivité du système immunitaire) apparaît généralement entre 20 et 40 ans et touche plus souvent les femmes que les hommes. Elle se caractérise par la disparition des gaines qui entourent et protègent le système nerveux, aussi appelées gaines de myéline, entrainant des troubles moteurs et psychiques.
Simvastatine vs Placébo
L’étude a été réalisée par randomisation en double aveugle et contre placébo - comprendre : la distribution au hasard du médicament et du placébo à deux groupes de patients sans que ni ces derniers, ni les médecins ne sachent quel groupe a reçu quoi. Les patients qui sont regroupés dans ce qu’on appellera le premier groupe, devaient ingérer quotidiennement une dose de 80mg de simvastatine (une dose assez élevée), quand le second groupe devait prendre le placébo.
Le principal critère qui a été surveillé durant cette période était la perte du volume cérébral (ou atrophie cérébrale) qui est naturelle en soit, mais qui peut être un marqueur distinctif dans la dégénérescence du cerveau, surtout chez les malades atteints de SEP. Cette perte est observable grâce à une simple imagerie par résonance magnétique (IRM). Le taux moyen annuel de l’atrophie cérébrale relevé dans le premier groupe (traité par simvastatine) était de 0,28% alors que le second groupe enregistrait une perte de 0,58%. Cet écart peut paraître minime mais rapporté à l’année, il est tout de même de 43% d'un groupe à l'autre, ce qui somme toute, traduit une forte diminution dans la perte du volume cérébral.
Une molécule immunomodulatrices et neuroprotectrices
En outre, la simvastatine possède des propriétés immunomodulatrices et neuroprotectrices, deux qualités qui pourraient jouer un rôle bénéfique chez les patients atteints de SEP progressive secondaire. À ce titre, la molécule avait déjà fait l’objet d’études durant six mois, notamment sur un groupe de patients atteints de névrite optique (une inflammation du nerf optique pouvant amener à la cécité et souvent déclenchée par la SEP). La simvastatine n’avait pas eu d’effet important sur la sensibilité aux contrastes, mais avait donné des résultats plus significatifs sur un certain nombre de paramètres visuels secondaires.
Les scientifiques britanniques ont été ravis de voir que la « molécule a bien été tolérée ». Alors que la simvastatine était inoculée à forte dose, peu d’effets secondaires ont été relevés sur les deux groupes. Ces résultats vont permettre aux chercheurs de passer à la phase 3 des essais cliniques.