Et si le virus du Sida devenait inoffensif ?
Rédigé par Charlotte Canonne , le 19 February 2015 à 10h56
Depuis l’apparition fulgurante du virus du Sida, les chercheurs mettent tout en œuvre pour trouver un vaccin contre le virus. Malheureusement, aucun remède efficace n’a pu encore être découvert. Les chercheurs se sont alors lancés vers une autre approche pour lutter contre le VIH : bloquer efficacement la contamination. Cette solution consiste à apporter au patient des anticorps capables de neutraliser le virus lors de la contamination.
Empêcher la contamination
Cette nouvelle approche pour lutter contre le virus met en œuvre une démarche tout à fait différente du vaccin. Tandis que ce dernier est censé habituer le système immunitaire à reconnaître les souches du VIH afin de créer des anticorps capables de les détruire, cette nouvelle approche consiste à injecter immédiatement des anticorps pour ne pas être contaminé.
C’est sur des souris qu’une trentaine de chercheurs de l’Institut Scripps Research Institute à Jupiter en Floride ont expérimenté leur nouvelle approche. Le but était d’examiner la manière dont le VIH pénètre dans les cellules et les détruit. Le virus du Sida contient une protéine d’enveloppe appelée « CD4 ». Cette protéine est déjà présente sur les cellules immunitaires : le VIH n’a plus qu’à se lier à d’autres récepteurs de cette protéine du système immunitaire afin d’attaquer les cellules.
Une solution : leurrer le virus
L’équipe de chercheurs a décidé de « détourner l’attention » du virus afin qu’il s’attaque à d’autres cibles que les cellules immunitaires. Le but : fabriquer un leurre qui arriverait à bloquer le virus. Le VIH ne s’attaquerait plus au système immunitaire et deviendrait inoffensif. Ce leurre est une protéine artificielle née de la fusion entre la protéine CD4 et un récepteur présent dans l’organisme humain. La bonne nouvelle est que ce leurre fonctionne très bien sur le VIH in vitro. Testé sur des souris et sur quatre macaques, le leurre a été administré aux animaux, juste avant la contamination intraveineuse du virus du Sida. Le résultat a été couronné de succès : les quatre macaques ont présenté une protection optimale durant 34 semaines après l’exposition au virus.
Une solution miracle ?
Les chercheurs souhaitent pourtant rester prudents. Ces résultats « sont intéressants » et ils constituent une « piste complémentaire à celle du vaccin » selon le Pr Jean-Daniel Lelièvre du Vaccine Research Institute. La situation ne permet pas de tirer de conclusions hâtives, puisque ces leurres ont été testés sur seulement quatre macaques et que la transmission du virus s’est faite par voie intraveineuse alors que la plupart des hommes sont contaminés par les voies sexuelles. De plus, on ne peut pas savoir si les humains réagiront de la même manière que les animaux. Le risque est que la protéine artificielle pourrait se retourner contre le système immunitaire. Cette approche est une nouvelle encourageante dans la lutte contre le virus bien qu’elle ne soit pas encore tout à fait au point.