Le VIH favorisé par une maladie parasitaire en Afrique

Alors que 34 millions de personnes souffrent du sida en 2014, des scientifiques affirment que les femmes sont les plus touchées par la maladie en Afrique, à cause d’un parasite présent dans l’eau. Avis aux populations locales et touristes du monde. 

60 % des personnes atteintes du sida en Afrique sont des femmes. Le New York Times publie enfin une explication. Pourquoi le sexe féminin est-il plus touché ? Loin d’être une histoire de pratiques sexuelles, la surinfection serait liée à une maladie parasitaire. Des populations locales aux touristes du monde entier, les inquiétudes montent d’un cran.

200 millions de personnes infectées par la bilharziose

Une équipe de gynécologues norvégiens travaillant en Afrique du Sud donne ses premières observations au journal américain. Selon eux, la bilharziose causerait des lésions génitales et créeraient ainsi de véritables portes d’entrée à l’infection. Les scientifiques savaient déjà que les lésions de la muqueuse génitale, conséquence directe des infections sexuellement transmissibles, permettaient au sida de s’introduire dans les tissus et de s’attaquer aux cellules du système immunitaire.

La bilharziose touche 200 millions de personnes à travers le monde en zone tropicale. Alors que c’est la deuxième parasitose (maladie provoquée par un parasite) après le paludisme, cette pathologie s’avère clairement négligée au niveau de la recherche, des traitements existants et de la prévention auprès du grand public.

Cette maladie, qui provoque des incapacités à travailler, des retards de croissance, des difficultés d’apprentissage voire la mort est appelée communément la maladie du nageur. En effet, l’infection a lieu dans les cours d’eau, rivières ou autres lacs par un ver situé dans un mollusque. Celui-ci pénètre à travers la peau, et c’est la femelle qui, en pondant une masse d’œufs, provoque la création de granulomes dans les tissus ou les muqueuses.

1,7 millions de morts du SIDA en 2013

Le docteur Eyrun Kjetland, qui travaille dans une province sud-africaine publie des articles depuis 2012 sur ces lésions qui rendraient les femmes plus sensibles au VIH. La bilharziose provoque également d’autres surinfections, comme les papillomavirus humains (HPV) qui sont des virus très communs pouvant eux aussi infecter les muqueuses ou tissus. Ce médecin a mené des études au Zimbawe et en Afrique du sud et une consœur, Jennifer Downs, a travaillé de son côté en Tanzanie. Elles estiment que le risque de contracter le virus du sida est multiplié par trois pour les femmes victimes de la maladie du nageur.

Cette hypothèse est controversée. Le docteur Daniel Halperin, de la faculté de médecine et des sciences de la santé de Ponce, à Porto Rico, connu pour sa théorie selon laquelle la circoncision protégerait en partie du VIH, conteste ce lien. Il rappelle que certaines régions, comme l’Afrique de l’Ouest, sont à la fois très touchées par la bilharziose et ont un faible taux d’infection au VIH. Il cite à l’inverse le Botswana ou le Swaziland, où la maladie du nageur est minime mais où le sida fait des ravages.

Le docteur Kejtland souhaite qu’une étude à grande échelle soit réalisée. Il veut ainsi déterminer si un traitement préventif antiparasitaire qui coûterait moins de six centimes d’euros diminue ou non les symptômes, lésions et surinfections qui peuvent entraîner le développement du HPV et du VIH. En attendant, rappelons que dans le monde, près de deux millions de personnes meurent du sida chaque année.