Troubles du déficit de l'attention : l'origine neurobiologique enfin certifiée
Rédigé par Alexis Van Wittenberghe , le 14 April 2014 à 11h40
Les troubles du déficit de l'attention apparaissent généralement dans la petite enfance, cela peut être compliqué au début de la scolarité.
Des chercheurs de l'université de Strasbourg, en collaboration avec le CNRS et l'Inserm, ont démontré que les troubles du déficit de l'attention avaient des origines neurobiologiques. Une découverte qui permettra sûrement dans un avenir proche de développer des traitements adéquats.
Le Colliculus supérieur : centre de contrôle de l'attention et de l'orientation visuelle
Depuis des années, une controverse autour de l’origine neurobiologique des troubles du déficit de l’attention (TDA) freine les processus visant à développer de nouveaux traitements. Une équipe de chercheurs du CNRS, de l’Inserm et de l’Université de Strasbourg vient de trancher sur la question. Ils ont réussi à mettre en évidence le rôle d’une des structures nerveuses de l’encéphale dans l’apparition des TDA : le colliculus supérieur.
Pour parvenir à ce constat, les scientifiques se sont intéressés au comportement de souris dont le colliculus supérieur a été modifié par manipulation génétique. Cette modification a permis de recréer une hyperstimulation visuelle du colliculus supérieur, la souris a pour sa part montré des modifications comportementales ressemblant à celles d’humains souffrant de TDA. L’étude a été publiée dans la revue médicale internationale Brain Structure and Function.
Le colliculus supérieur fini le tronc cérébral qui fait le lien entre la colonne vertébrale et le cerveau. Situé entre ce dernier et le cervelet, il est un réceptacle sensoriel qui joue un rôle prépondérant dans le contrôle de l’orientation visuelle et spatiale ainsi que de l’attention. À ce titre, le culliculus supérieur prend en partie en charge la sélection des centres d’intérêt, la coordination tête-œil et le fonctionnement des saccades oculomotrices (mouvement rapide de l’œil permettant l’exploration du champ visuel).
Noradrénaline : l'hormone de l'(hyper)activité?
En menant leurs recherches, les scientifiques se sont par ailleurs rendus compte que l’anomalie issue de la manipulation a été à l’origine d’une autre découverte : la multiplication excessive de noradrénaline. Cette hormone fait office de lien entre deux cellules nerveuses pour faire passer l’information. Ce déséquilibre a entrainé pour sa part des changements significatifs dans le comportement des souris génétiquements modifiées.
Cette nouvelle conception des choses offre de nombreuses possibilités quant soins à apporter aux personnes atteintes d’un TDA et à une approche beaucoup plus globale des TDA et de ses causes. Connaitre les effets de la noradrénaline sur le colliculus supérieur pourrait permettre aux chercheurs de développer de nouveaux axes thérapeutiques.
Les troubles du déficit de l’attention se manifestent dès la petite enfance. Entre 4% et 8% des enfants seraient concernés en France, 60% d’entre eux manifesteront encore des symptômes une fois arrivés à l’âge adulte. Ces derniers se traduisent généralement par une impulsivité verbale et motrice ainsi qu’une perturbation de l’attention parfois accompagnées d’hyperactivité. Aucun traitement thérapeutique de fond existe pour le moment, les psychostimulants utilisés à ce jour ne font qu’améliorer l’état des patients mais ont des effets secondaires parfois ennuyeux. Les récentes découvertes offrent donc de bons espoirs quant au développement de solutions curatives.