Les premiers vagins créés en laboratoire implantés avec succès

Nées sans vagins à cause d’une maladie rare, quatre jeunes femmes ont désormais un appareil génital au complet ! Une équipe américano-mexicaine a réussi à créer des vagins et les implanter avec succès.

Elles étaient vouées à n’avoir ni vie sexuelle, ni enfant. Quatre femmes ont vu leur vie renversée grâce au succès des premiers vagins bioartificiels. Une équipe américano-mexicaine a confirmé la réussite de ces premières implantations, huit ans après les opérations.

Une maladie qui touche 1 femme sur 5000

L’étude a été publiée vendredi 11 avril dans The Lancet. L’équipe dirigée par le Pr Anthony Atala a créé un vagin fonctionnel à partir de cellules prélevées sur des patientes. Il explique à la BBC que « c'est la première fois que nous créons un organe complet qui n'était pas déjà là [sur le patient]. C'était un défi ». Toutes étaient atteintes de la même maladie rare : une anomalie congénitale impliquant l’absence totale ou partielle de vagin et/ou d‘utérus et appelée le syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser (MRKH).

Outre des conséquences physiques, cette pathologie qui touche une femme sur 5000 provoque dans de nombreux cas une grande détresse psychologique. Les chercheurs ont donc attendu que les patientes aillent véritablement bien, et elles déclarent d’ailleurs avoir à l’heure actuelle des « rapports sexuels satisfaisants ». Anthony Atala, professeur à l’école de médecine de la Wake University en Caroline du Nord ajoute même qu’ « après l’opération, elles ont retrouvé un niveau normal de désir, d‘excitation, de satisfaction et étaient en mesure d’avoir des orgasmes ». Aucune d’entre elles n’a encore eu un enfant, mais l’étude stipule que la grossesse est possible.

Un vagin adapté à chaque femme grâce aux IRM

Les chercheurs ont prélevé sur chacune des jeunes filles, alors âgées de 13 à 18 ans, des cellules à partir de la vulve qui n’est pas touchée par la maladie. Quatre semaines ont suffi pour que les chercheurs aient produit assez de cellules musculaires et vaginales en laboratoire, et ainsi fabriquer le vagin. Comment les cellules ont-elles pris la forme du vagin ? C’est peut-être l’aspect le plus simple de l’opération : les scientifiques les ont placées dans un moule biodégradable ayant la forme d’un vagin. Les chirurgiens mexicains du Federico Gomez Children’s Hospital of Mexico a permis de calculer via un IRM la forme et la taille du moule pour chaque femme.

Pour le Pr Anthony Atala, « la difficulté était de s’assurer que les cellules étaient suffisamment matures pour qu’une fois implantées dans le corps, elles puissent recruter d’autres cellules afin de former un tissu qui comprenne nerfs et vaisseaux sanguins ». Malgré ce risque, les chercheurs ont pu procéder à l’implantation une fois les cellules bien établies dans le moule. Les chirurgiens ont alors inséré  le vagin artificiel en créant une cavité dans l’abdomen, avant de le relier à l’utérus.

Le Pr Atala estime que « [cette réussite] est un exemple supplémentaire de l'application de la médecine régénérative à une diversité de tissus et d'organes ». Cette voie va être largement étudiée encore devant de nombreux résultats encourageants. Il y a quelques semaines par exemple, la médecine régénérative a permis de récréer le cartilage de nez endommagés chez certains patients atteints d’un cancer de la peau. Aujourd’hui, de nouveaux essais cliniques ont débutés, et se penchent sur des vessies, des bronches, des cornées et des vaisseaux sanguins.