Inédit : en France, on opère le coeur avec le thorax fermé
Rédigé par Clémentine Billé , le 14 March 2014 à 14h21
Le CHU de Saint-Etienne a réussi a opéré le cœur sans ouvrir le torse
Des chirurgiens du CHU de Saint-Etienne, dirigés par le docteur Marco Vola opèrent depuis décembre 2013 des patients du cœur sans ouvrir le thorax. Une avancée encore à l’étude, qui permet d’alléger considérablement la convalescence post-opératoire.
Une nouvelle fierté pour la France, réputée pour ses cardiologues de qualité. Des médecins du CHU de Saint-Etienne ont remplacé une valve aortique sans ouvrir le torse du patient. Une valve aortique ? C’est une partie du cœur qui permet au sang de bien circuler dans les organes, et donc leur apporter tous les nutriments nécessaires à leur survie.
Une avancée inédite depuis la technique révolutionnaire d’Alain Cribier
Jusqu’en 2002, l’opération à cœur ouvert, très risquée, était l’unique solution. Cette année-là, Alain Cribier, chirurgien cardiaque rouennais, a réussi à placer un cathéter en passant par les vaisseaux sanguins, pour assurer un débit minimum de sang. Aujourd’hui, plus de cinquante pays ont repris cette technique pour les patients qui, trop faibles, ne peuvent pas supporter une opération à cœur ouvert.
Le problème de cette technique est que la valve défectueuse est « seulement écrasée par la nouvelle ce qui peut dans certains cas produire des fuites », explique le docteur Marco Vola, qui a dirigé l’opération des chirurgiens stéphanois. Ainsi, pour la remplacer entièrement, il fallait ouvrir le thorax des patients et fracturer leur sternum.
Ici, la valve est entièrement remplacée, toujours par le biais d’une sonde. Les chirurgiens procèdent par endoscopie, c’est-à-dire qu’ils font de petites incisions dans les parois de quelques vaisseaux sanguins situés au niveau du thorax pour introduire le matériel médical nécessaire à l’opération. La ou les valves défaillantes sont retirées puis remplacées par une bioprothèse en nickel et en titane. Ces matériaux sont capables de se comprimer à un tel point qu’ils peuvent être acheminés par les vaisseaux jusqu’à leur lieu de pose. De tels dispositifs n’existaient pas auparavant.
Une meilleure et plus rapide récupération post-opératoire
Les chirurgiens comptent, avec cette technique, alléger les conséquences et la convalescence post-opératoires. Les patients ont d’une manière générale eu moins de douleurs, et a permis une hospitalisation plus courte. Depuis décembre, date de la première opération, cinq patients ont testé cette technique. Deux d’entre eux sont sortis au bout d’une semaine (contre un minimum de deux semaines à cœur ouvert, sans compter le temps en centre de rééducation). Détail physique de cette solution moins invasive, finis les grandes cicatrices sur le torse, elles sont désormais toutes petites.
Cette avancée en est encore au stade expérimental. Les patients sont choisis sur des critères très précis, et cette technique ne peut pas s’appliquer à n’importe qui. D’autres expériences vont être tentées au sein du CHU de Saint-Etienne. Si les bénéfices en terme de santé sont manifestes, la technique s’exportera dan toute la France, voire à l’international. En attendant, il faut définir si le temps de circulation du sang extracorporel pendant deux heures et demie n’est pas trop dangereux, et s’il y a donc de réels progrès en termes d’efficacité par rapport à la technique d’Alain Cribier.