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Le diabète : cette "épidémie silencieuse" qui inquiète

Rédigé par , le 13 November 2014 à 14h40

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Un médecin teste le niveau de sucre dans le sang de son patient.

Un médecin teste le niveau de sucre dans le sang de son patient.

À l'occasion de la Journée Mondiale du Diabète, qui se tiendra vendredi 14 novembre, la Fédération française des diabétiques (FFD) pousse un cri d'alarme sur l'évolution de la maladie en France. Une situation similaire à celle du monde entier et qui semble toucher majoritairement les plus défavorisés. 

« Une épidémie silencieuse »

Le diabète, ce trouble de l'assimilation, de l'utilisation ou du stockage des sucres de l'alimentation, ne cesse de gagner du terrain en France. En effet, « le cap des 3 millions de personnes traitées par médicament pour un diabète est désormais franchi », déclare Gérard Raymond, patron de la Fédération française des diabétiques (FFD), soit 4,7 % de la population. À ce chiffre s'ajoutent entre 500 000 et 700 000 personnes ignorant leur état diabétique, portant le nombre total de personnes touchées à près de 4 millions. Ces chiffres sont en progression : depuis 2006, le nombre de personnes traitées pour un diabète a augmenté entre 2,5 % et 5 % chaque année.

L'inquiétude face à ces chiffres s'explique par le fait que le diabète est, telle que l'explique Laurence Mandereau-Bruno, chercheuse à l'InVS (Institut nationale de veille sanitaire), « une maladie chronique au retentissement sévère par la gravité de ses complications (souvent cardiovasculaires) ». Le diabète est ainsi la première cause de cécité et d'amputation en France, où il est responable de 35 000 décès par an.

La France n'est cependant pas le pays où la situation est la plus dramatique, le pays se situant sous la moyenne européenne (8,5 %). Aux États-Unis, environ 10 % de la population adulte est touchée par le diabète. La situation est encore plus préoccupante au Moyen-Orient où le taux monte à 23 % dans des pays tels que l'Arabie Saoudite, le Koweït ou le Qatar (chiffres 2013 de la Fédération internationale du diabète).

«Le diabète, annoncé comme l'épidémie silencieuse du 21e siècle, est en train d'échapper à notre contrôle, ajoute Gérard Raymond. Il est temps de se poser les bonnes questions pour reprendre la main sur cette pathologie et adapter la prise en charge existante à ses évolutions ».

La maladie des plus précaires

Le diabète n'est plus aujourd'hui l'apanage des pays riches. En effet, sur les 300 millions de diabétiques dans le monde, 80 % vivent dans des pays à revenus faibles ou intermédiaires. Cette répartition se retrouve également, à plus petite échelle, au niveau de la métropole. Les personnes diabétiques sont ainsi plus nombreuses dans les régions où le niveau de vie est le plus faible et où la précarité est la plus élevée. Les régions Nord-Pas-de-Calais, la Picardie ou la Seine-Saint-Denis sont ainsi les plus touchées. Les taux les plus élevés se situent cependant dans les Départements d'Outre-Mer (DOM), à cause de facteurs génétiques prédisposant à la maladie, mais aussi par « un plus grand nombre de personnes obèses et une grande pauvreté », comme l'explique Laurence Mandereau-Bruno.

La pauvreté, à travers les mauvaises habitudes alimentaires qu'elle entraîne, favorise l'apparition de l'obésité et du diabète, un cercle vicieux dont il est difficile de sortir.

                                                                        Une alimentation saine permet de diminuer les risques de développement du diabète.

Ainsi, bien que les personnes âgées soient les plus touchées par la maladie (20 % des hommes de 75 à 79 ans), l'âge n'est plus le seul facteur d'inégalité, celui-ci ayant été rejoint par la répartition régionale et l'appartenance à certaines catégories économiques et sociales.

Des inégalités se retrouvent également au sein même de la population diabétique, notamment dans l'accès à certains soins (ophtalmologique, bucco-dentaire, etc). Selon des chercheurs de l'InVS, « il est probable que cette  situation se soit aggravée, alors que la France traverse une période de crise économique ». La Sécurité Sociale consacre ainsi des sommes de plus en plus importantes au diabète : 15 milliards d'euros en 2013 contre 12,5 milliards en 2007.

Le diabète : une grande cause nationale ?

La FFD milite pour que le combat contre la maladie obtienne le label de « grande cause nationale », afin d'accroître la visibilité de ce trouble, causé par de nombreux facteurs, tels que la génétique, le mode de vie, l'alimentation ou le vieillissement. Pour le patron de la FFD, « l' obtention du label grande cause nationale permettrait de mettre au jour des actions coordonnées portant sur la prévention du diabète et de ses complications et sur l'éducation et l'accompagnement des patients ».

Dans le même sens, Laurence Mandereau-Bruno réclame de meilleurs moyens pour prévenir les facteurs de risque tels que l'obésité et la sédentarité, ainsi que la mise en place d'actions spécifiques à destination des personnes « les plus défavorisées ».

Comme Gérard Raymond le rappelle, des gestes simples, tels qu'un brossage des dents régulier, peuvent améliorer la qualité de vie des patients et réduire les facteurs de risque de diabète de type 2. Le président de la FFD considère également que « la prise en charge des patients atteints de diabète exige une modification radicale des pratiques médicales. Ces dernières sont rendues particulièrement complexes par l’existence fréquente de multiples pathologies associées (maladies respiratoires chroniques, du foie, du pancréas…) ». Il est donc primordial, selon lui, « d’impliquer davantage dans le parcours de soin l’ensemble des acteurs médicaux, sociaux et associatifs, et bien sûr le patient lui-même. L’amélioration de sa qualité de vie ne dépend pas seulement de la stratégie  médicamenteuse, mais aussi de son projet de vie et de son environnement social, économique et culturel ».

C'est pourquoi cette Journée 2014 est centrée autour de la thématique de l'importance d'une alimentation saine et équilibrée. La nécessité du développement d'une politique de prévention, ciblée sur les populations à risque, tout en tenant compte de la dimension socio-économique de l'évolution du diabète, seront également au coeur du débat.

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L'auteur
Laure Hanggi

Laure Hanggi

Rédactrice

Bio

Etudiante en histoire passionnée d'actualité en général et notamment des questions de santé moderne, en tant qu'enjeux de société. Voir plus

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