Du café pour soigner une maladie neurologique orpheline
Rédigé par La Rédaction , le 13 June 2019 à 11h00
Les symptômes de la dyskinésie liée au gène ADCY5 traités grâce au café.
Parfois, le hasard fait bien les choses. Il fait même progresser la médecine. Sans le vouloir, les parents d’un enfant atteint d’une maladie orpheline ont mené un « test en double aveugle contre placebo ». Ils ont validé un traitement contre une forme particulière de dyskinésie liée au gène ADCY5.
Une maladie neurologique handicapante sans aucun traitement
La dyskinésie liée au gène ADCY5 est une maladie rare qui touche moins d’une personne sur un million. Il s’agit de convulsions des membres. Très invalidante, cette maladie neurologique se manifeste par des mouvements anormaux des bras, des jambes et de la tête. Lors des phases de crise, ces mouvements involontaires sont exacerbés. Pour l’heure, il n’existe pas encore de traitement connu.
L’enfant en question est un jeune garçon de 11 ans, diagnostiqué en 2018. Les mouvements incontrôlés ont commencé vers ses 3 ans, puis se sont aggravés avec le temps. Avant que les médecins ne lui fassent boire du café, il n’était même plus en mesure de faire du vélo ou de rentrer à pied après l’école.
L’idée de prescrire du café aux patients souffrant de dyskinésie liée au gène ADCY5 provient d’autres malades qui ont constaté que le café est efficace contre les mouvements indésirables. Son effet est rapide. Les mouvements disparaissent totalement au bout de 45 minutes et durant 7 heures, affirme Pr Flamand-Roze, neurologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP.
Une erreur d’achat à l’origine d’une fabuleuse découverte médicale
Si l’idée de faire boire du café à un enfant peut paraître inconcevable, cela n’a pas choqué pour autant les parents du jeune garçon. Le café est utilisé comme remède à certains maux à Madagascar, leur pays d’origine. Ainsi, dans le cadre du traitement de sa maladie, il s’est vu prescrire deux tasses d’expresso, une le matin et une autre le soir.
Avec cette prescription, l’état du garçon s’est considérablement amélioré. Cependant, le café semble ne plus faire effet après quelques semaines. Les mouvements involontaires reprennent à nouveau. Leur fréquence et leur sévérité sont identiques à celles avant le traitement. Quatre jours plus tard, les parents se sont aperçus qu’ils ont donné du décaféiné à leur fils.
Cet heureux évènement vient de prouver l’efficacité du café contre la dyskinésie liée au gène ADCY5. Dès que l’enfant a repris sa consommation de vrai café, les mouvements incontrôlés ont régressé de 90 %. La caféine se fixe sur des récepteurs liés à la protéine malade et diminue son activité. Le garçon a retrouvé une vie quasi-normale.