Migraine, des anticorps thérapeutiques contre les crises

La migraine ne ressemble pas à un mal de tête banal. Caractérisée par la survenue régulière et répétitive de maux de tête violents, associés occasionnellement à des vomissements, il s’agit d’une maladie handicapante. Une étude sur des anticorps monoclonaux a produit des résultats prometteurs pour la réduction des crises. 

Réduction de moitié de la durée et de la fréquence des crises

Trois fois plus fréquente chez les femmes, la migraine touche près de 30% de la population. Elle survient généralement à partir de l’adolescence ou au début de l’âge adulte. D’après la FFN ou Fédération Française de Neurologie, cette maladie est à l’origine de 20 millions de journées de travail perdues et coûte 3 milliards d’euros en dépenses de santé.

Ainsi, la recherche de traitement efficace contre la migraine revêt une importance stratégique. Depuis plus d’une dizaine d’années, les industriels s’intéressent aux anticorps thérapeutiques, des molécules capables de cibler spécifiquement d’autres molécules, afin d’agir sur la CGRP. Cette protéine, un neuromédiateur de la douleur, joue également un rôle prépondérant dans la dilatation des vaisseaux sanguins au niveau du cerveau.

Parmi ces anticorps monoclonaux en cours de développement, deux disposent d’un potentiel attractif. Baptisés erenumab et fremanezumab, ils permettent de réduire de moitié la durée et la fréquence des crises migraineuses. Ils reconnaissent le récepteur sur lequel la CGRP va se fixer. Ils peuvent ainsi bloquer le processus de génération de douleur et prévenir l’apparition des crises.

Efficacité prometteuse et faible survenue d’effets secondaires

Faisant déjà l’objet d’essais de phase 3, l’erenumab et le fremanezumab suscitent beaucoup d’espoir chez les patients selon le Dr Anne Donnet, neurologue spécialiste des céphalées et des migraines à l’hôpital de la Timone de Marseille. Pour cause, le traitement est d’une part efficace et moins lourd. D’autre part, les cas d’effets secondaires graves constatés jusqu’ici sont faibles.

Les résultats sont en effet très encourageants. Les chercheurs ont réduit les crises de 8,3 à 4,8 jours contre 6,5 jours dans le groupe prenant du placebo. Cela a amélioré significativement la capacité des patients à effectuer des activités quotidiennes. Pour le fremanezumab, l’efficacité contre la migraine chronique est la même pour une injection tous les quatre mois que pour une injection mensuelle.

Néanmoins, les auteurs estiment qu’il reste à étudier la sécurité à long terme et la durabilité des effets de ces deux molécules. Même si aucun effet indésirable grave n’a été relevé, il est connu que les anticorps thérapeutiques ont des effets toxiques comme favoriser les maladies auto-immunes et les problèmes de cœur.