Dépression : une nouvelle molécule pour la recherche de traitements
Rédigé par Céline Le Goff , le 10 June 2014 à 14h15
Une étude sur la relation entre une molécule et la dépression a été publiée ce dimanche 8 juin dans Nature Medicine par des chercheurs de l'université McGill et de l'institut Douglas. La découverte de la petite molécule miR-1202 pourrait avoir une incidence majeure dans le traitement de la dépression.
La dépression est une maladie dont les symptômes sont une grande tristesse, un sentiment de désespoir, une perte de motivation et l'impression de ne pas avoir de valeur en tant qu'individu. Elle survient le plus souvent sous la forme d'épisodes dépressifs qui peuvent durer de 2 semaines à plusieurs années. Cette maladie a aussi des conséquences pour les fonctions organiques, dues à un affaiblissement du système immunitaire. Ainsi, le patient est plus vulnérable aux infections et aux virus.
A l'heure actuelle, les causes de la dépression ne sont toujours pas entièrement définies. Les facteurs sont à la fois biologiques, psychologiques et sociaux. Il a été observé chez les personnes dépressives un déficit de certains neurotransmetteurs (des composés chimiques libérés par les neurones et qui agissent sur d'autres neurones) tel que la sérotonine. D'autres problèmes peuvent engendrer une dépression comme une perturbation hormonale ou des mauvaises conditions de vie, ainsi qu'un haut taux de stress.
Pour soigner cette maladie, les médecins administrent dans la majorité des cas des antidépresseurs. Il y a aussi la possibilité d'une psychothérapie. Bien que les antidépresseurs aient montré des résultats positifs, la manière dont le patient va répondre à ce traitement varie fortement. Trouver l'antidépresseur le plus adapté au patient représente une tâche complexe pour le médecin. La molécule récemment découverte, miR-1202, peut servir d'indice de dépression et peut détecter les patients les plus susceptibles de réagir aux antidépresseurs.
La dépression liée à un faible taux de la molécule chez le patient
Cette molécule miR-1202, qui n'est présente que chez les humains et les primates, est un micro ARN (court acide ribonucléique) dont la fonction est de réguler les récepteurs pour la glutamate (l'un des 20 acides-α-aminés constituant les protéines). Le niveau de cette molécule est bas lorsque le patient est atteint de dépression. Il tend à remonter si les antidépresseurs sont efficaces. S'il y a un déséquilibre dans le dosage de la glutamate, cela peut engendrer une dépression majeure. Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont utilisé des échantillons de cerveau d'individus dépressifs et les ont comparé à des échantillons de personnes saines. Il en est ressorti que les personnes atteintes ont un déficit de molécule RNA. Or les antidépresseurs altèrent le niveau de la molécule.
La molécule en tant que marqueur biologique pour la dépression
La molécule pourrait servir de marqueur biologique pour la dépression, qui permettrait de découvrir la présence de cette maladie avant l'apparition des symptômes cliniques ou au tout début de la manifestation de ces symptômes. Le développement de méthodes plus sûres de diagnostic serait alors possible.
Cette molécule est en voie de devenir la cible de nouveaux traitements pour la dépression. La recherche de méthodes pour stimuler le dosage de cette molécule pourrait résulter en la découverte de nouveaux traitement plus efficaces. Ces nouvelles pourront intéresser de nombreuses personnes, puisque la dépression est aujourd'hui très répandue dans le monde comme en France, au point qu'elle a été qualifiée de « mal du siècle ». 10 % des hommes et 20 % des femmes environ développant une dépression au cours de leur existence. De plus 5 à 8 % de la population française est touchée chaque année, ce qui représente 2 à 3 millions de personnes.